17.12.06

Shibuya-Otsuka

Je suis d'abord passée à 19H30.
Elle portait une mini-jupe. Des bottes et des hautes chaussettes presque de la même hauteur. Un peu comme un millier de filles à Tokyo.
Elle mangeait un kebab' devant le camion et parlait avec le cuistot.

Je suis à nouveau passée à minuit 20.
Elle était encore là. Ou sa soeur. Kebab' dans la main. Mini-jupe. Bottes. Hautes chaussettes. Comme un millier de filles à Tokyo. Je n'ai pas fait la différence.
Alors, en la voyant, j'ai pensé aux faux clients, complices des harrangueurs du marché... Et à l'indigestion qu'elle risquait d'avoir.

A Shibuya, il faisait bon comme au printemps.
Et tout le monde portait un bonnet, comme au printemps.

Sur le quai, Morrissey chantait "every day is like a sunday". Et, de toute façon, c'était déjà dimanche.

Dans le train, un garçon se triturait le visage. Je me suis demandée s'il allait l'enlever, comme dans Mission Impossible. Et si, en dessous, apparaitrait le visage de Tom Cruise.
Un autre portait un blouson Hysteric Glamour, moi qui pensais que c'était une marque pour les filles. Mais les genres, au Japon, ça n'existe pas vraiment.

Pendant qu'on attendait que le train parte, je regardais ceux qui ouvraient et fermaient leur portable d'un seul geste, d'une seule main. Et je les ai imaginés s'entrainer dans leur chambre, devant un miroir, pour parvenir à ce geste si maîtrisé et, en même temps, si désinvolte.

Ma voisine a mis la tête dans ses bras et, avant qu'on parte, elle dormait déjà.

Je n'ai pas vérifié si elle faisait partie de ceux qui n'entendaient pas que le train n'allait pas plus loin qu'Ikebukuro.

Sur le chemin du retour, j'aurais pu :

-me mettre dans la file de tous ceux qui voulaient prendre le taxi pour terminer le voyage.
-tenir la tête de ceux qui étaient en train de vomir -leur kebab' peut-être.
-aller pousser la chansonnette dans un karaoké.
-m'allonger sur les marches, dans la gare, en compagnie des sans-abris.
-me glisser dans ces groupes d'amis chahuteurs et titubants, un peu.
-m'arrêter à un des multiples combinis du parcours.
-acheter une boisson à un distributeur.
-m'asseoir sur le trottoir et ouvrir mon pot de lemon curd, le manger avec le short bread et le sablé à la cannelle, cadeaux du jour (merci, merci, c'est tellement bon !).
-acheter un livre dans la librairie ouverte toute la nuit et aller le regarder au Royal Host qui ne ferme pas davantage.
...

Mais je suis rentrée et j'ai allumé l'ordinateur.

Aucun commentaire: