31.1.07

Quelques heures à Sugamo


Peut-on lire l'âge de la rouille dans ses stries comme on lit l'âge d'un arbre dans sa souche ???

Peut-on réellement à ce point oublier qu'on vit à l'étranger pour le (re)découvrir devant un bol d'udon ???

Plus tard, assises sur un banc dans le soleil, dans l'enceinte du temple, dans les effluves de miso, nous mangeons une pâtisserie au kabocha en écoutant la musique s'échapper du minuscule magnétophone du peintre.
Il est dommage de ne pas pouvoir oublier l'existence des montres. Mais, en redescendant vers la gare, les cafés minuscules sont autant de promesses d'autres moments immobiles.
Je retournerai frapper à sa porte.

30.1.07

Tuesday self portrait


Juste un coup de soleil dans la vitre qui me change en femme des bois.

29.1.07

Un lundi au bord de l'eau


J'ai décidé de faire confiance à la rivière et de la suivre sans savoir où elle m'emmènerait.

Le vent agite les feuilles des palmiers et on dirait le bruit des ailes d'un oiseau.

Il y a un je ne sais quoi de printanier qui parfume ces jours derniers. Il y a comme une promesse dans les bourgeons des arbres, un air de fête grâce aux citrons, aux oranges qui alourdissent les branches.

Et une douceur très tendre dans l'étreinte de l'air, sur un banc au soleil.
C'est un lundi matin dans la campagne Tokyoïte. On pourrait croire à un oxymore mais la ville est emplie de ces parenthèses vertes, de ces respirations tranquilles.

Et de ces improbables surprises : un marchand de légumes et de rien au détour du chemin.

Des joueurs de croquet dont on entend le bruit des maillets longtemps avant de les découvrir.

Des miroirs qui éborgnent et réfléchissent les fantômes.

Et un café aux accents cubains avec vue sur la forêt.
Un thé citron, quelques mots dans mon journal en voyage avant de reprendre le train.

28.1.07

Un dimanche à Nakano

"Le lendemain, une pluie de sardines et de maquereaux se mit à tomber sur ce coin de l'arrondissement de Nakano. Environ deux mille poissons tombèrent soudain du ciel sans le moindre signe précurseur.

La plupart s'écrasèrent par terre à l'arrivée mais quelques-uns, encore vivants, frétillaient sur le sol devant les boutiques de la rue commerçante. Les poissons sentaient encore la marée. Ils tombèrent bruyamment sur les toits des voitures et des immeubles et sur les gens, mais, heureusement, personne ne fut blessé.

L'impact psychologique de cet événement fut, en revanche, énorme. Après tout, les poissons étaient tombés du ciel comme de la grêle. C'était un spectacle quasiment apocalyptique.

Il y eut par la suite une enquête de police mais personne ne put expliquer comment ces poissons avaient pu tomber du ciel. Aucun marché aux poissons, aucun bateau de pêche ne s'était plaint de la disparition d'un stock de sardines et de maquereaux. Aucun avion ni hélicoptère ne survolait le quartier à ce moment-là. Aucune tornade n'avait été signalée non plus. Il était impensable qu'il puisse s'agir d'un canular. C'était bien trop compliqué à organiser.

A la demande de la police, les services d'hygiène de l'arrondissement de Nakano examinèrent quelques uns des poissons, mais aucune anomalie ne fut découverte. Il s'agissait de sardines et de maquereaux tout à fait ordinaires. Ils étaient frais et paraissaient bons à manger. Cependant, une voiture de police équipée d'un haut-parleur passa dans les rues pour avertir la population du danger qu'il y avait à consommer ces poissons d'origine inconnue dans la mesure où ils pouvaient contenir une substance nocive.

Les véhicules des équipes de télévision envahirent le quartier. C'était le genre d'incident qui faisait le régal des médias. Des nuées de journalistes se répandirent dans la rue commerçante et leurs reportages sur cet étrange événement furent diffusés dans tout le pays. Ils ramassaient des poissons sur le trottoir avec une pelle et les montraient ensuite aux caméras. Ils interviewèrent une ménagère qui avait reçu un poisson sur la tête. Une nageoire dorsale de maquereau lui avait ouvert la joue.

-Heureusement, c''était des maquereaux et des sardines, disait-elle en pressant un mouchoir sur sa joue blessée. Imaginez les dégâts s'il s'était agi d'une pluie de thons !
Elle parlait très sérieusement mais cela faisait rire les gens devant leurs téléviseurs.

Un reporter téméraire fit même griller des poissons sur le trottoir et les dégusta en faisant des commentaires :
-Un régal, affirmait-il fièrement. Ils sont tout frais, avec juste ce qu'il faut de gras. Dommage que je n'aie pas un peu de riz chaud et de radis râpé pour les accompagner."

Haruki Murakami. Kafka sur le rivage. Ed. du Seuil.

27.1.07

Solution de rechange


Mais si on n'a pas assez dormi dans le train.
Si l'arrêt du train est trop loin de son lit.
Il y a toujours cette solution là...

26.1.07

Dormir dans la Yamanote

... Et fermer les yeux dans le train équivaut à dégringoler dans le tunnel à la suite du lapin blanc.
C'est un sommeil qui ne prévient pas, qu'on ne voit pas venir, un coup de gourdin derrière la tête.
Le sommeil de la Yamanote n'a pas de saveur, n'a pas d'odeur. Il ne laisse aucune trace de rêve. Mais il provoque des sensations de vertige, quand on se sent tomber dans ce gouffre, quand on s'aperçoit qu'il n'y a pas de branches auxquelles se raccrocher.
Le mouvement des corps, la voix mécanique dans le micro... Provoquent des vagues dans le sommeil, juste un sursaut de réalité avant de repartir dans le voyage intérieur. La Yamanote nous dérobe notre conscience. Et nous la rend à peine lorsqu'on descend.
Le voyage en train est une parenthèse de la vie, un temps hors du temps, un coma dont on sort sans dommage mais sans souvenir.

(La Yamanote est une ligne de train circulaire qui dessert les principaux quartiers de Tokyo. Les Japonais vous demandent souvent quelle est la ligne de train ou de métro de votre quartier. Vous ne pouvez pas répondre la Yamanote sans entendre quelqu'un vous dire que c'est pratique.
La Yamanote est pratique. Le natto est bon pour la santé. Ce sont deux vérités immuables du Japon.
Moi, j'habite sur la Yamanote et je mange du natto.
Là, je marque deux points !)

25.1.07

Rentrer par Shibuya


Rentrer par Shibuya, c'est mesurer sa fatigue à la vitalité qui n'en finit jamais de tous ces gens.
C'est se heurter, se faire bousculer par tant de corps.
C'est assister aux au-revoir des bandes qui se séparent en agitant la main, en parlant fort.
L'heure du retour est celle des lecteurs de mangas dans le train.
L'heure du retour est celle de toutes ces voix qui pénétrent ma tête, grignotent en japonais mes pensées.
Par mégarde, je ferme les yeux.
J'aimerais parfois que le train s'arrête au pied de mon lit.

24.1.07

Rentrer par Shinjuku

L'heure du retour est celle des baraques à ramens.

L'alcool de patate douce rend joyeux et les clients rient sous les lampions. Avant l'ivresse. Avant l'oubli.
L'heure du retour est celle où la rue appartient aux taxis.

Et où les silhouettes s'agitent en contre jour sous les spots des étages des karaokés.
C'est l'heure des musiciens. Qui s'installent sous l'écran géant et transforment les pubs en clips.
L'heure où il est sage de rentrer mais où on resterait bien encore un peu, juste un peu. Pour se doper à l'énergie de la ville, pour ne pas penser à la côte qui reste à gravir et au vent qui se lève.
Rentrer par Shinjuku, c'est traverser le décor d'un film. Un film qui recommence chaque soir. Et où chacun peut décrocher un rôle.

23.1.07

Tuesday self portrait


Afin de se prémunir de la longueur monotone de certains jours qui ne se donnent même pas la peine de nous laisser des souvenirs, on peut s'inventer des petits sacs magiques, de ces pochettes petites et pratiques qu'on peut glisser dans n'importe quelle poche, pas loin du coeur.

Le sac magique du jour :

-le rayon de soleil de la photo.
-la couleur du thé dans nos verres.
-la voix de Benoit qui, déjà, me servait de talisman. "Haut les coeurs !" disait-il, au moment où, tous deux, nous tournions la clé dans la serrure de nos salles de cours voisines.
-les mots de Banana Yoshimoto :
"Je voudrais être heureuse. Au lieu de peiner longuement à draguer le lit de la rivière, me laisser séduire par une poignée de paillettes d'or. Et je souhaite que tous ceux que j'aime soient plus heureux à l'avenir.
Je ne peux plus rester ici. Il faut que je continue à avancer. Parce que le temps s'écoule et qu'on ne peut pas l'arrêter. Je dois m'en aller.
Une expédition s'achève, une autre commence. Il y a des gens qu'on retrouvera un jour. D'autres qu'on ne reverra plus jamais. Ceux qui s'éloignent avec le temps, ceux qu'on ne fait que croiser. Nous nous saluons au passage et chaque fois je gagne en transparence. Sans quitter des yeux la rivière qui coule, je dois continuer à vivre."

Voilà. Je serre le lien.
Et je m'en vais.

(et vous ? Qu'avez-vous mis dans votre sac magique du mardi ?)

22.1.07

Deux pas en avant


Le lundi, je prends le train avec madame Gâ.

Nous savons bien que n'importe quel endroit est propice à notre conversation, pourvu qu'on puisse y boire un thé.

Aujourd'hui, c'est le petit espace de la galerie photo que nous emplissons de notre langue étrangère.

De nos rires, de nos histoires passées, de notre avenir.

Chaque jour pourrait être lundi : nous avons tant à nous dire.

Parmi les tombes, parmi les temples, assises sur le muret où nous déjeunons en compagnie des chats de Yanaka, il est question de Jules et Jim, de l'île de Pâques, de l'égoïsme salutaire, des ardoises magiques, du mécénat et de tout ce qui nous séparait des autres élèves de l'école maternelle.

Le lundi est un jour doux mais un jour traître qui me fait croire que le printemps est pour bientôt avant que le reste de la semaine me replonge la tête sous l'eau.

21.1.07

Nono


Nono n'est pas un sanglier comme je l'avais d'abord pensé.
Nono est un cochon du Vietnam et il existe vraiment.
Il gambade en liberté dans un champ du sud de la France.
Il a un ami dalmatien, un ennemi nommé Larry. Et d'autres compagnons de jeux humains.
Nono a deux ans. Et une longue vie devant lui. C'est un grand cochon tout simple, qui ne va pas la ramener -y compris auprès de Larry- sous prétexte qu'il est en photo dans un blog au Japon...
Et, donc, Nono vous souhaite, à vous aussi, une bonne année.

Au passage, Nono vous conseille -comme à moi- de passer outre un horoscope des plus médiocres, de ne pas croire que les astres peuvent faire la loi dans votre vie à votre place et de prendre patience : oui, assurément, le bloc de ciment qui vous enserre les pieds et vous pousse à l'immobilisme actuellement finira bien par se fendiller... Ce n'est qu'une question de temps...

20.1.07

Un samedi après minuit (billet d'après la pluie)


Ca parait peut-être bête, dit comme ça, mais manger du poisson grillé avec elle redonne envie de les attendre, les lendemains aux cerises, les journées qui ne chantent pas faux...

C'est toujours en rentrant de chez elle que je vois le garçon en skate. La nuit seulement. Et ce soir, il porte un chapeau.

Comme aujourd'hui je ne suis pas cap', (cap' de rien surtout pas de pluie !), je troque mon vélo contre un parapluie transparent. Et les gouttes font de mes yeux des kaléidoscopes. Et c'est joli.

Parfois, au détour du couloir, avant même de retrouver mes clés au fond du sac, je vois l'aimant sur ma porte.
Mes voisins ajoutent un N à mon nom et, tout de suite, il sonne autrement.
Parfois une invitation pour boire une soupe de légumes. Parfois un journal en guirlande. Parfois un bouquet de fleurs.
Ce soir, un sanglier comique qui me rappelle qu'il ne faut pas croire les horoscopes de Biba.
Justement, de la boîte aux lettres de l'étage précédent, j'ai retiré le ELLE et son supplément astro. Je peux retenter ma chance...

Malgré tout et si vous n'y voyez pas d'inconvénient, on pourrait peut-être, d'un commun accord, se débarrasser une bonne fois pour toute de janvier et de ses journées clonées. Et passer directement à la suite, passer à février, là, tout de suite, maintenant... Non ???

19.1.07

Ma vie d'écureuil (en musique)


"En attendant que l’express arrive à destination, je dormis une demi-heure, lus une biographie de Jack London que j’avais achetée près de la gare de Hakodate. Comparée à la vie tumultueuse de Jack London, la mienne avait l’air aussi paisible que celle d’un écureuil qui attend le printemps en somnolant, une noix pour oreiller, dans le creux d’un chêne. Du moins me semblait-il, provisoirement. C’est ça, les biographies. Qui irait lire la biographie d’un bibliothécaire né et mort dans la même ville de province sans que rien ne lui arrive ? Autrement dit, nous avons besoin d’actions de compensation."
Haruki Murakami. Danse danse danse.

Et parce que Aëlle est une hotline formidable, elle m'a aidée à changer ma radio. Cliquez dessus afin d'être un peu avec moi, dans mon iPod. A vélo sur les bords de l'Edogawa la nuit ou dans le train, quelque part sur la Yamanote. A Tokyo dans tous les cas.

18.1.07

Le ciel au fond de la ruelle

J'allais passer sans m'arrêter mais quelque chose est venu fugitivement s'inscrire dans mon champ visuel. Je n'aurais pas su dire quoi.
Alors, je suis revenue sur mes pas et, au fond de la ruelle, je l'ai effectivement vu.
Je me suis approchée et il n'a pas bougé.
Il a cligné des yeux comme une chouette. D'ailleurs, il avait le pelage d'une effraie.

J'aime cette assurance tranquille qu'ont les félins, cette manière de connaître les règles du jeu et de l'affirmer en silence.
Je suis un chat.
Je suis perché.
J'ai gagné.

17.1.07

I can't take my arms off of you

On aurait été au cinéma, ça aurait été la scène inaugurale d'une histoire d'amour.
D'ailleurs, par le plus grand des hasards, issue de la liste "tout et n'importe quoi" (et vraiment n'importe quoi pour le coup) de mon iPod, c'est la chanson originale de "Closer" que j'entendais à ce moment-là.
Un scénario certes pas très original, très proche de celui justement incarné par Jude Law et Nathalie Portman : elle arrive à toute allure sur son vélo. Il sort en courant du combini. Elle le voit mais il est trop tard pour l'éviter. Ils sont tous les deux allongés sur le trottoir, leurs sacs éparpillés, la roue du vélo tourne encore et il lui demande si tout va bien...

Mais nous n'étions pas au cinéma.
Il n'y a pas eu de ralenti.
Il n'était pas Jude Law.
Il ne m'a pas emmenée à l'hôpital soigner mon coude écorché.

Nous n'étions pas au cinéma.
Ou alors le chef op était en vacances : du ciel couleur neige n'est tombée que de la pluie. Et tout le jour a été recouvert de cette lumière qui rend les heures identiques les unes aux autres.

Nous n'étions pas au cinéma et cette chute n'a rien inauguré du tout.
C'était juste un téléfilm médiocre, qui cherche son rythme, dont on ne parvient pas très bien à cerner le sujet et dont les acteurs font ce qu'ils peuvent avec des dialogues d'une banalité à pleurer. Un téléfilm dont on se demande bien, à la fin, pourquoi on l'a regardé jusqu'au bout.
Alors quant à le vivre...


Devant un macha tea latte, j'aurais aimé que Jude Law -ou un autre- vienne me dire : "I can't take my eyes off of you".
Je ne l'aurais pas démérité.
Je crois.

16.1.07

Tuesday self portrait (en vie la nuit)

Je m’éveille. Si brusquement lucide, si immédiatement débarrassée de tout sommeil que j’ai la certitude d’avoir une raison très précise de ne pas dormir à 3H18.
Pourtant, rien ne rompt le silence de la nuit. Aucune trace de rêve dans ma conscience. La lumière de mes voisins d’en face est allumée, comme chaque nuit, comme une veilleuse.
Je ne bouge pas, ne veux pas risquer de déplacer la chaleur bienfaisante de mon lit la nuit.
J’attends.
Et puis voilà. Je sais.
Il y a un bruit caractéristique. Chaque maison, chaque immeuble possède le sien.
C’est le signal. Une seconde, deux secondes… juste avant.

Parfois, la terre remue dans son sommeil et secoue doucement mon lit et c’est un mouvement apaisant, une berceuse murmurée à mon oreille :
« Voilà, tu peux te rendormir. Tu sais que d’autres sont morts, un autre jour, sous leur maison. Alors tu aimeras te réveiller tout à l’heure et voir le ciel déjà bleu sans avoir besoin de bouger la tête, par ta fenêtre sans rideaux. Tu aimeras être en vie, à tous les instants. Maintenant, dors, il est temps. »

15.1.07

Comment reconnait-on une vraie amie ???


Elle apporte des fleurs, le dernier numéro de Biba (c'est quoi cet horoscope tout pourri pour mon année 2007 ????) et un livre quand elle vient déjeuner.

Elle finit son assiette.

Elle accepte de signer un deuxième album avec moi.


Mais, surtout, surtout, elle ne me regarde pas comme si je m'étais échappée d'un asile quand je l'emmène à Ikebukuro et que je lui dis que c'est ce carrefour que je préfère...


Madame Gâ est mon amie et j'aime le monde tel que son oeil le voit.

14.1.07

Blue in Green

Même quand on commence à bien connaître une ville, il y a toujours moyen de continuer à la découvrir.
Aujourd'hui, je choisis comme guide le gourmet solitaire, héros du manga de Taniguchi. Et je vais au parc de Shakujii.

Après les expériences ferrovières particulièrement pénibles de la semaine, le quai désert m'évoque un départ en vacances hors saison, à rebours.

Le train surplombe la mer des toits des maisons basses et traditionnelles. Un couple pioche dans un paquet de bonbons.
C'est dimanche.

Au parc, seuls le clapotis des pédalos et le chant des oiseaux troublent le silence.
Ensuite, près des jeux, les rires des enfants.

La ville est loin, tout à coup. La semaine aussi.


Et, devant mon plat d'oden, assise dans une flaque de soleil, je retrouve un sens à ma vie.

Une femme pose son appareil au long téléobjectif et écrit dans un carnet. Elle boit un chocolat.
Des couples restent moins longtemps. Des couples avec chien. Ou avec enfant.
Deux amis boivent un saké chaud.
Une femme seule mange un curry fumant.
Une petite fille choisit une glace au chocolat.
Je ferme les yeux.
J'entends le couple de la table voisine commander une bière pression. Je sais que c'est la troisième qu'ils boivent.

Aujourd'hui, le soleil joue au magicien et gomme toutes les aspérités de la vie.



Et je sais maintenant qu'il existe un remède à la douleur des jours trop ordinaires : le reflet du temple.

A Ikebukuro, le ciel est améthyste.
Mais je rentre chez moi : c'est l'heure du thé (Montagne bleue), l'heure de l'encens et de Miles Davis ("On ne peut pas emménager sans un disque de Miles Davis" m'avait-il dit en le glissant dans un des cartons).
Demain c'est lundi mais je n'ai plus peur de rien.