30.4.07

La revanche

L'antidote à l'heure de fermeture du jardin, c'est d'être (très bien) accompagnée.


Et d'aller boire une bière sur l'improbable terrasse de Sunshine. Regarder le soleil s'y coucher.

Puis, faire une balade tranquille et aléatoire dans la nuit précoce d'Ikebukuro.

Parler de tout, de rien, de Pigalle, du kanji du chat, de mon impossibilité d'être la copine de Jude Law, de nuits à l'hôtel, des mérites de la bière Asahi (qui ne sont pas forcément ceux auxquels on s'attend...) et de la refonte totale des calendriers.

Oui, c'est une antidote efficace, des heures rondes et pleines qui préservent de tout, de rien.

Des heures dont je glisse le souvenir dans ma poche.

Afin de soigner un éventuel prochain dimanche soir de traîtrise.
On ne sait jamais.

29.4.07

Des chips au vinaigre


J'ai cassé ces tasses, un jour, après les avoir lavées, au moment de les ranger.
Il me reste ce polaroïd.
Ce soir, c'est à l'occasion d'un grand ménage de mon ordinateur que je perds une semaine entière de photos.
Oui, il serait parfois sage de vivre dans la crasse, qu'est-ce que j'aurais à y perdre ?!

J'ai souvent eu des problèmes avec les dimanches soirs. Je n'ai pas encore découvert le vaccin, l'antidote absolue...
Si, c'est vrai, notre saison automne-hiver 2002 aux dimanches soirs en forme de soirées-ouvertes-soirées-soupes avait réussi à maintenir le démon à distance. Les joyeux mélanges qui parfumaient l'appartement, E. qui était sûr de récolter les compliments d'Edouard ainsi que le non moins sempiternel "on est obligés d'en manger ?" de Delphine... Les amis qui passaient, discussions à bâtons rompus et tout le monde dehors à 22H...
Oui, ces souvenirs me font croire qu'il y a moyen de leur tordre le cou, à ces dimanches soirs en noir... D'ailleurs, ça faisait un bon moment qu'ils m'avaient épargnée...

Aujourd'hui, je ne m'y attendais vraiment pas.
Un dimanche au jardin.
La peau qui se gorge de lumière et de chaleur. Les lectures qui se succèdent.
Les yeux qui, par moment, se ferment -parce que ce réveil à 4H38, ce matin, était-il indispensable ? Juste pour constater qu'il ne fait pas encore jour et essayer de deviner dans quelle langue parlent tous ces gens qui passent sour mes fenêtres à ce moment-là .
Le pain Kaiser à midi.
Les polaroïds dont les couleurs montent à toute vitesse.
Mais voilà, ces jardins qui nous mettent dehors à 16H30 ne nous rendent pas service.
16H30, c'est une jolie couleur dans le ciel mais le vent qui commence à se lever.
C'est une heure ambigue et, même si on ne sait pas d'où il vient, on le sent couler à l'intérieur, épais et insoluble, le poison dominical...
Et on sait que même la promesse d'une bière et de chips au vinaigre avec des amis, ou celle d'un film de Claude Sautet ne ferait qu'ajourner l'inévitable.

Dans ces cas-là, il n'y a plus qu'à attendre le lendemain, plus que ça à faire. Passer le reste de la journée, la soirée en apnée...

Demain est férié, pourvu qu'il ne se déguise pas en dimanche bis.

28.4.07

Feu d'artifice


J'habite un pays où une après-midi dans l'herbe suffit au bonheur.

Mais où, en plus, elle m'offre un bocal de fleurs...


A trois heures, le ciel est devenu anthracite et la nuit est tombée, comme pour mieux nous faire profiter du son et lumières (éclairs-tonnerre), spectacle imprévu.

J'habite un pays où, régulièrement, quelqu'un mord dans une tablette de chocolat Crunch et provoque une mini-tornade.
Dans mon pays, la neige est rose et vole. Et les arbres improvisent des chorégraphies dans le vent. Et c'est beau.

Rentrer à vélo, ensuite, s'apparente à nager dans la mer : on croise dans l'air, dans la ville, des vagues de chaud, des vagues de frais, sans transition.
A l'arrivée, une partita et un thé. Fumé s'il vous plait.

27.4.07

Noir et blanc

Il faudrait vivre au pied des arbres afin de ne pas être surpris des changements dont ils sont capables en moins d'une semaine.

Les arbres ont leur vie pendant que nous vivons aussi.

Une vie indépendante et parfois empreinte d'une légère folie.

Les arbres dessinent des figures libres sur le ciel et pratiquent la poésie en noir et blanc à l'usage de ceux qui savent déchiffrer leurs calligraphies.

Les arbres ne sont pas des hommes comme les autres. Madame Gâ ne s'y est pas trompée, elle qui s'essaya, en vain et pendant quelques mois, à les portraiturer, elle qu'ils avaient hypnotisée.

Certains jours commencent avec des rendez-vous (un match de foot à 9H, des sushis, onigiris, mochis à 12H). Et se poursuivent à l'improviste. Le temps est un cadeau dont je connais la valeur.

25.4.07

Il pleut souvent le mercredi

Je ferai peut-être un jour une compilation de ces musiques choisies intentionnellement par d'autres que moi.

En revanche, je garde pour moi et aussi précieusement qu'entre des pages de cellophanes, les mots qu'on échange, dans ces moments-là, ces conversations qui ne sont pas aussi anodines qu'on pourrait le croire. Suis-je seule à leur accorder de l'importance ? On ne sait pas ces choses-là.

La journée a commencé sous la pluie et avec Corelli -il m'a dit avoir hésité avec Satie, ça aurait été bien aussi. Puis, à la suite, Andreas Scholl.
Et il a été question de séances archéologiques pratiquées dans les cartons de toute une vie, d'une demande incongrue de cours de français, d'un coiffeur rue du Bac.

Plus tard, une autre cuisine. Miettes de pain et bouteille de lait. A peine sortis du lit mais tellement charmants. Là, c'est d'un avenir au Canada (pourvu que) et d'une mutinerie contre un voyage à Kyoto dont j'entends parler.

A Ebisu, la pluie s'est changée en bruine.
Tokyo traversant les ans : les photographes de l'agence Magnum sont passés ici avant nous.
Au retour, les bras lourds de livres d'images, nous laissons faire le sky walk.

Ce n'est pas la première fois qu'on rebaptise un lieu "La Palma".
Le chocolat y est viennois.
La musique celle des cordes -piano-violon- mais ne couvre pas le bruit du fouet qui bat le thé macha.
Paris en été ne lui suffit pas. Il dit "peut-être Rome, Trieste".

Il me reste un rendez-vous.
Il pleut souvent le mercredi. Nous repartons ensemble en parlant cuisine. Ce soir, ils vont manger une pizza, je dis "bon appétit" en agitant la main.

Demain, il s'arrête de pleuvoir. Enfin.
Mais je ne m'arrête pas de courir. Pas encore.

24.4.07

Tuesday self portrait (ou presque)


Les coulisses du mardi : après l'arroseur arrosé...
(merci à la fée Clochette pour la photo !)

23.4.07

Rentrer

La lumière était typiquement flamande, aujourd'hui, sur les montagnes, sur les champs. Et une légère brume enveloppait le chien et son maître qui se promenaient le long de l'eau.
(Souvent, par la fenêtre du train, on voit des extraits des vies qui continuent sans nous.)
Il m'avait dit, un jour où je ne connaissais pas encore ce lieu, qu'y aller nécessitait un long voyage en train. Et j'avais souri de l'accent de fierté que contenait sa voix quand il avait précisé que, tout de même, avant d'y parvenir, il fallait traverser deux fleuves.
Faire ce voyage, c'est un peu partir en vacances. Passer un bout de journée au loin. Puis revenir.
Rentrer.
Et je suis suffisamment dépaysée par les fleuves traversés, les maisons colorées et espacées, les sommets qui arrêtent soudain le regard, la mer formée par les toits qui, au contraire et de l'autre côté, le propulse vers l'infini... Suffisamment dépaysée, donc, pour avoir l'agréable impression, quand je retourne vers Tokyo, de rentrer de voyage, rentrer chez moi. Car oui, Tokyo est ma ville. Et, de retour de cette presque campagne, je suis contente de la retrouver : ses couleurs, ses enseignes, le bruit de ses gares, et le paysage connu par coeur par les fenêtres de la Yamanote qui clot le trajet. Tokyo est ma ville. Je suis chez moi ici.

Elle m'avait expliqué que, si un jour, je partais en voyage, je ne pourrais pas dire, ensuite, "je rentre au Japon" parce que je n'étais pas Japonaise.
Peut-être est-ce un peu pour cela que je m'obstine à rester ici ! Car, si je ne peux pas rentrer au Japon, où, alors, pourrais-je le faire ? Où, ailleurs qu'ici, suis-je autant moi-même ?

Aujourd'hui, j'ai pensé à Laurent et Caroline qui, après quelques jours à Tokyo, rentraient en France, rentraient chez eux. J'ai pensé à Agnès qui, parce qu'elle habite à Londres -exilée elle aussi- ne rentrait pas par le même avion.
Je pense aussi à Miss Ritchie qui, bientôt, remontera l'escalier jusqu'à notre premier étage. Parce que -n'en déplaise à ma prof de japonais- après être rentrée en France, elle va rentrer à Tokyo. Parce que, pour le moment, c'est ici qu'est sa vie, c'est ici qu'elle habite. Et je commence déjà à l'attendre.

22.4.07

Une heure en France

"Depuis le temps qu'il prolongeait son séjour, on pouvait bien se demander s'il avait oublié sa femme et ses enfants. Mais s'il était resté, ce n'était pas qu'il ne pût ou ne voulût quitter Komako : c'était tout simplement parce qu'il avait pris l'habitude d'attendre ses féquentes visites."

"Elle a tout pris de son père mais tout le monde dit qu'elle a mes yeux."

"Il le savait fort bien, comme il savait aussi que plus il s'offrait aux sollicitations d'un continuel assaut, plus il se demandait d'où venait son propre défaut, le manquement chez lui, qui lui interdisait de vivre comme elle vivait, avec intensité et plénitude."

"On est déjà 17, pour ce soir. En même temps, ça va vite. Vous venez, hein?"

"Il restait là, pour ainsi dire, à contempler sa propre froideur, absolument incapable de comprendre comment elle avait réussi de la sorte à se perdre, à tout lui donner d'elle-même sans recevoir, en vérité, rien en échange."

"Elle ne dort pas tellement l'après-midi mais elle dort bien le matin. Comme ça, je peux prendre ma douche et faire des trucs pour moi."

"Et voilà qu'au fond de son coeur il l'entendait à présent, Komako, comme un bruit silencieux, comme de la neige tombant muettement sur son tapis de neige, comme un écho qui s'épuise à force d'être renvoyé entre des murs vides."

"En ce moment, on a des amis à la maison mais à partir du 1er mai, on va être plus disponibles."

"Il savait maintenant qu'il ne pouvait pas indéfiniment continuer à se choyer lui-même et à se laisser choyer de la sorte."

"Tu vois, Céleste, lui, il est facteur."

Plus tard, après Shibuya, après Harajuku, il y a eu la Yamanote. Le train comme un refuge. Et des conversations que je peux ne pas entendre.

"Penché sur le feu de braises qu'on avait placé dans sa chambre avec la première neige, Shimamura se dit que précisément il était peu vraisemblable qu'il revienne jamais en partant d'ici."

Il lit, lui aussi. Mon genou contre le sien. Mon coude contre le sien. Et c'est juste doux. Et je voudrais rester là longtemps, dans ce wagon, dans ce pays, dans ce livre et contre lui.
Mais il descend à Ikebukuro.

"Partir. Son heure était venue."
(Yasunari Kawabata. Pays de neige)

21.4.07

Les oubliettes

Que deviennent les images, les mots, les notes lorsque, sans raison apparente, ils disparaissent de l'écran de notre ordinateur ?
Y a-t-il un endroit caché quelque part dans cette machine où tout-ce-qu'-on-ne-voudrait-pas-perdre-mais-qui-disparait-quand-même se retrouve ???
Que sont devenues les photos du jardin botanique d'aujourd'hui ?
J'imagine, dans les méandres des circuits de l'ordinateur, un lieu, qu'on pourrait appeler "les oubliettes", un lieu, donc, où sont stockées mes images pour une durée indéterminée, privées de lumière... Et d'où, peut-être, un jour, elles réapparaîtront...

(Ces oubliettes de l'ordinateur, c'est un peu ma mémoire.)

Cet après-midi dans l'herbe avait la couleur insaisissable des toutes dernières fleurs de sakuras mais aussi celle des yeux de Mélanie. Une autre sorte de vert que celui des feuilles des arbres sous lesquels nous étions allongées.

Dans l'air se mélangeaient les discours des candidats aux élections... Drôle de fanfare tonitruante et incompréhensible dont le refrain aurait pu être "yoroshku onegaishimasu".

Aux animaux du temple, il manquait le museau.

Que peut-on apprendre de plus précieux de ses amis que le parfum qui constitue leur premier souvenir ?
Ce parfum de l'enfance de Mélanie sera définitivement, pour moi, celui de cet après-midi au jardin botanique. Un souvenir pour toute ma vie.

20.4.07

Carnaval


Dans mon jeu des familles, voici La belle Hortense

et le prince Jardinier.

Et moi...
Et moi, j'aimerais être une plante et fleurir en Normandie.
La pioche y est toujours bonne parce qu'emplie de bisous et le petit c. commence à dire Goline alors que ça fait si longtemps que je ne l'ai pas tenu dans mes bras...

C'est vendredi et, comme tous les jours, je pense à vous.

19.4.07

Juste en passant

Au catalogue de mes premières fois, j'ajoute aujourd'hui un Japonais qui me parle en suédois.

Et, ce soir, la lune ou alors c'est le sourire du chat du Cheshire.

18.4.07

Trois histoires d'eau

(L'eau de pluie qui m'oblige à troquer mon vélo contre la Yamano et complique ainsi ma vie va finir par me mettre de très mauvaise humeur.)

Je connais la durée du feu. Suffisante pour rater son train... Ou être trempé quand on attend qu'il passe au vert sans parapluie.
Alors, moi qui en ai un, je me rapproche de lui, partage mon toit.
Un p'tit bout d'parapluie... Contre un sourire surpris.

La voix mécanique annonce que la prochaine station est Ikebukuro. Je l'entends pourtant renifler et, baissant mes yeux sur elle, je m'aperçois qu'elle pleure. Son visage est immobile mais de grosses larmes, comme des cailloux, dévalent ses joues. Pas de sanglots, pas de tremblement de la bouche. Juste ces larmes.
Sa main gauche, dépassant de son pull d'uniforme, est serrée par celle de son amie.
Scène muette. Une pression plus forte à l'arrivée en gare. Echange de regards. Elle agite la tête plusieurs fois de haut en bas et quitte le train.
ça ira mieux demain. Ou bien non.

Elle est assise, je suis debout.
Pour écrire un mail sur son téléphone, elle a posé son livre sur ses genoux. Je recopie le message imprimé sur la couverture.
Eau de mer.
Ciel bleu plus bleu que bleu.
Un nuage blanc involontairement.
Le bleu du ciel commence à prendre mon esprit.
Ciel parsemé d'étoiles.

ça ira mieux demain. Ou bien non.

17.4.07

Tuesday self portrait (à l'automobile)


20 mois que je m'obstine vainement à regarder à gauche en premier avant de traverser la rue...
Souvent, je pense à la femme française qui, à Londres, mourait ainsi dans un livre de Javier Marias. (Demain dans la bataille pense à moi). Sa mort délivrait l'homme d'un sentiment de culpabilité. Du moins il aurait aimé le croire. Mais ce n'est pas aussi simple : le choc contre un bus à impériale n'efface rien de la trame, de la conscience des vivants.
Dans ces moments-là, je m'aperçois que ces personnages de roman sont entrés dans ma vie au point que je pense à eux comme à des gens que j'aurais connus, croisés.
Les vies de papier s'emmêlent à la vie réelle.

(Bonus track : ma voix sur les mots de Javier Marias dans la page 48 de Pierre Ménard)

16.4.07

La loi du nombre

On imagine rarement à quel point cette ville est lente. Loin des clichés à cent à l'heure et survoltés.
Pas belle et indolente comme une ville du sud qui fait la sieste à l'heure la plus chaude. Mais ralentie et aux gestes approximatifs. Comme si elle émergeait d'une perpétuelle nuit blanche, d'une incurable gueule de bois.

Les matins de pluie, la bouche du métro déverse une longue procession de parapluies, baleines contre baleines, sans interstices. Je ne pourrais pas ignorer longtemps le chemin à emprunter.

A Tokyo, on apprend la patience.
Et à se lever à temps pour ne pas regretter de ne pouvoir courir.

15.4.07

Dimanche

7H : Pas besoin de réveil, il suffit que je me dise, la veille "7H, ça serait pas mal".
7H25, 7H27, 7H30, 7H55 : un petit feuilleton en provenance de France. Je le lis comme je traverserais la rivière : en sautant d'une pierre à l'autre.
8H14 : le feuilletoniste va se coucher. Les muffins sont cuites.

8H42 : ma route croise le trottoir où ils font déjà la queue. A l'orée d'une journée de liberté, je me sens plus chanceuse et plus riche qu'eux qui passeront des heures au pachinko.
9H12 : Il dit 2000 yens, je dis 1000, il me laisse le dernier mot et je repars avec les photos et les mots.
9H48 : muffins et jus de pamplemousse sous les fleurs et le soleil.

10H25 : l'un a les yeux bleus, l'autre les a bruns. Nous parlons botanique. Je mange une fraise. Il écrit les kanjis de martin pêcheur dans mon cahier ( 川蝉). Elégant souvenir de la rencontre de hasard.
11H : l'heure où tout est possible. Rester encore, m'en aller...
12H06 : cinq photocopies : 100 yens.
12H26 : il m'appelle et je les rejoins dans la rue. Les autres fois, on se voyait dans la rue aussi, j'étais à vélo aussi. Mais c'était à Hellemmes. Mais c'est si naturel de se revoir ici.
12H49 : "J'ai oublié mon sac" se dit "kaban o wasuremashita". C'est utile, parfois, de le savoir. Trois mots de japonais comme une formule magique... Et c'est moi la magicienne... Pourtant, ce n'est pas mon sac
13H34 : de retour sous les fleurs. Yakisobas, curry. Puis glace au lait. On se regarde de près : avons-nous changé ?
14H18 : le jardin, l'étang, le renard, les pierres, les carpes.


14H53 : on se revoit mardi. Quand je dévale la pente, "Let there be love" chante Oasis.
15H07 : on se croirait dans un western, un peu. Maisons basses et fermées comme abandonnées.


15H31 : tofu, farine, lait, oeufs, tomates cerises. 853 yens.
15H48 : tant qu'il fait jour, j'ai du mal à quitter la rue. Tant de choses à y voir, encore.

16H01 : la prochaine fois, j'irai au jardin botanique.

16H12 : on pourrait croire à une chorégraphie. Petit spectacle de danse à mon seul usage.

16H20 : j'hésite encore.

16H25 : je l'ai déjà croisée, à deux heures du matin en revenant du combini. Elle et son panier à roulettes.

16H28 : j'habite dans une rue qu'on peut choisir de dévaler en sautant à la corde ou de grimper en talons hauts.


17H07 : c'est l'heure du thé. Celui des concubines (Flo, merci, merci ! Hier, j'ai goûté avec Sophie, c'était parfait aussi !). Le gâteau est blanc mais de lui, je reparlerai.

18H42 : encore imprégnée de la ville, riche, oui tellement riche de toutes ces choses vues, ruelles, plantes en pots, toits rouillés, jupes courtes, papas attentifs... J'ai de la chance d'habiter à Tokyo.

14.4.07

Samedi

C'est un samedi aux bras nus et colorés.

Un samedi cosmopolite.
Un samedi lecture -à lire un roman de faussaires (Les Falsificateurs d'Antoine Bello), je me méfie à chaque page et je les avais vus venir.

Un samedi sur le banc. Puis parmi les tombes.
Un samedi au Ben's café -sans pourtant y mettre les pieds.
Un samedi onigiris -saumon et taraco. Les meilleurs du monde sinon rien.
Un samedi taches de rousseur.

Un samedi en anglais, aux sous-titres parfois aléatoires.
Un samedi qui s'étire toute la journée -s'il pouvait ne jamais finir.

Un samedi aux cheveux dispersés dans le vent d'une impasse.
Un samedi feuilles vertes et tendres et jeunes.
Un samedi sous les ombrelles.

Un samedi au goût de melon pan -croquant sur le dessus, moelleux dedans.
Un samedi au parfum de yakitoris.

Un samedi d'avant l'été, quand les moustiques sont encore couchés.
Un samedi à l'encens.

Un samedi bleu sans relâche et c'est bon quand le ciel ne prend pas de vacances.

13.4.07

"J'irai n'importe où pour voir mes reves"


Agnès habite à Londres d'où elle rêve du Japon.

Entre les pages du beau cahier, elle trace des itinéraires, calcule des distances, note des horaires de séances de cinéma, sait comment venir chez moi alors qu'on ne se connaît pas.

Elle exerce son regard pour le jour où elle l'aura, cet appareil photo. Elle entasse dans sa mémoire ces souvenirs, ces temples, ces couleurs, ces bruits dans la rue... Qui rendront les rêveries de ses voyages en bus encore plus jolies.

Agnès suit ses rêves qui la mènent jusqu'ici et je suis contente de la connaître, à présent, cette gourmande de la vie.