31.5.07

Nos jeudis

Nos jeudis déclinent, chaque semaine, les acceptions du mot "correspondance". Le déclinent dans tous les sens...

30.5.07

Traversée au long cours (2)

J'aimerais autant ne pas avoir à admettre que je connais le nom de Diane Tell...

(D'ailleurs, qu'est-ce que c'est, ces chansons qui s'installent à jamais dans notre mémoire sans que, pas une seule fois, on ait choisi de les entendre ??? Il y en a d'autres, tout aussi stupides, qui ne s'oublient pas... Mais que je ne vais pas vous chanter ici...)

C'est donc la voix de Diane Tell qui m'est venue et dont je n'ai réussi à me débarrasser (à vous, maintenant, de l'avoir en tête pour la journée !) : "ah si j'étais un homme, je serais capitaine"...

J'en connais un, de capitaine, qui, aux commandes de son esquif, nous emmènera autant de fois dans ses pays de neige et de cerf-volants sans mal de mer. Laissez-vous faire... il mérite son grade.

29.5.07

Tuesday self portrait


Le balcon est plein sud.
Le thé est oolong.
L'auteur est Espagnol (je fais durer le plaisir).
Le tofu est à la banane.
Le mardi est un jour comme les autres.

28.5.07

I don't want to fall in love

Oui, parce que, sinon, qu'est-ce qui changerait d'avant, qu'est-ce qui nous permettrait de nous rappeler qu'on est adulte, qu'on a quitté la maison de nos parents, qu'on n'a de compte à rendre à personne, qu'on la détient enfin, cette liberté qui nous faisait rêver ???
Parce que, ado, ça m'arrivait, oui. D'avoir envie de mettre la musique à fond et danser. Oui, même toute seule, même around midnight... Mais...

être adulte, c'est ça. C'est descendre l'escalier à l'heure qu'on veut. L'iPod en guise de DJ, She wants revenge qui fait bouger mes pieds (premier morceau sur ma radio coup de vent), un bout de parking en guise de piste de danse.
Puis payer mes factures au combini.
Et rentrer tranquillement avec Keren Ann ("lay your head down in my arms", dit-elle).
Adulte dans la nuit noire.

27.5.07

Et en rentrant, on s'est dit : "quelle belle journée !"

A Tokyo le dimanche, le silence n'est pas là où on l'attend.

Pas sous les arbres tricentenaires du parc naturel où les corbeaux n'ont pas d'égards pour nos conversations.

Pas sur le campus de Todai où les étudiants dansent, font de la musique et mangent des yakisobas.
Mais dans les herbes hautes de Aoyama et devant le palais impérial débarrassé de sa vue sur les voitures.

Miss Ritchie est encore de l'autre côté de la terre et je lui ai emprunté son héros pour la journée.
A vélo, nous avons traversé la ville du nord au sud, par des zigzags qui nous sont propres, alternant les ambiances, pique-niquant de pain Kaiser, échangeant nos itinéraires qui racontent notre passé et notre présent à Tokyo... Pour l'avenir, on verra un autre jour. Un jour où ma voisine, son héroïne, sera rentrée : bientôt.

26.5.07

Samedi, 15H32


C'est typiquement l'image des vacances, l'image de l'été. Quand le ciel de Shinjuku se change en aquarium géant et que s'y prélassent de gros poissons.
On oublierait presque que le temps passe au Shinjukugyoen si, à 16H15, ne résonnait pas "ce n'est qu'un au-revoir" pour nous mettre dehors en nous incitant à revenir dès le lendemain...

(Depuis que j'ai malencontreusement enfoncé l'objectif de mon appareil dans ma glace en voulant la photographier, il y a une grosse tache sur toutes mes photos... Je sais, ça m'apprendra...)

25.5.07

Traversée au long cours

Lorsque la météo nous donne l'assurance de revoir le soleil dès le lendemain, il n'est pas déplaisant de vivre une parenthèse de pluie...
Sans plus de raison que tous les autres jours, j'ouvre les yeux à 6 heures. J'écoute l'eau dégouliner, douce chanson monotone. Le gris du ciel est délayé, on dirait une peinture à l'eau.
Je pense invariablement au déluge, en ces jours de pluie continue. Et je transforme mon lit en radeau. J'y invite Jay Jay Johanson pour la bande son (en écoute ici). J'y embarque quelques provisions de bouche (kiwi, orange, lait de soja), de l'eau potable (et chaude, et parfumée à l'earl grey).
J'y invite aussi l'Espagnol dont les mots me touchent, décidément et s'incrustent profondément. Il serait assurément du voyage si je voguais vers l'île déserte.
Puis, entre deux pages, je me rendors, tranquillement, et pas inquiète des eaux qui montent.
Une heure de sommeil en plus -il était temps- qui change ma journée en traversée paisible.
Cap vers le sud de la ville. Deux escales et un coup de téléphone qui me prouvent -une nouvelle fois- que Tokyo n'est pas avare de ses hasards qui me rendent la vie si facile.

23.5.07

Le jour du facteur


Qui peut se vanter d'être sûr de, chaque jeudi, recevoir du courrier dans sa boîte à lettres ???
Moi !!!!
Et c'est ici que Mme Gâ m'écrit.

Mercredi, 14H30


Ces journées de soleil sont emplies d'indolence et je ne suis pas seule à ne pas être pressée.

Il me dit qu'il a acheté des larmes artificielles en France. Et ne se trompe pas en me recommandant les "nothing noodles" de la carte du restaurant thai. Ce ne sont pas des pâtes à rien comme on pourrait hâtivement le croire.
En revanche, il oublie de me dire qu'il y a du tapioca.

Alors, à Yasukuni, je mange une glace au lait. Avant le reste de ma journée.

22.5.07

Tuesday self portrait


"Un jour, il m'écrit : "Description d'un rêve... De plus en plus souvent mes rêves prennent pour décor ces grands magasins de Tokyo, les galeries souterraines qui les polongent et qui doublent la ville. Un visage apparaît, dsparaît, une trace se retrouve, se perd, tout le folklore du rêve y est tellement à sa place que le lendemain, réveillé, je m'aperçois que je continue de chercher dans le dédale des sous-sols la présence dérobée de la nuit précédente. Je commence à me demander si ces rêves sont bien à moi ou s'il font partie d'un ensemble, d'un gigantesque rêve collectif dont la ville toute entière serait la projection. Il suffirait peut-être de décrocher un des téléphones qui traînent partout pour entendre une voix familière, ou un coeur qui bat, comme à la fin des Visiteurs du soir -celui de Sei Shônagon par exemple... Toutes les galeries aboutissent à des gares, les mêmes compagnies possèdent les magasins et le chemin de fer qui porte leur nom, Keio, Odakyu, ces noms de ports. Le train peuplé de dormeurs assemble tous les fragments de rêve, en fait un seul film, le film absolu. Les tickets du distributeur automatique deviennent des billets d'entrée."
Chris Marker. Sans soleil.

21.5.07

Nature morte


C'est souvent comme ça que ça se passe : je marche sans but et mon regard n'est pas pressé. Il glisse au ralenti sur les murs, le ciel et les pierres.
Et, parfois, il s'arrête.
La semaine dernière à Koenji. Après la pluie.

20.5.07

Les embouteillages du dimanche soir

J'avais toutes sortes de raisons d'aimer faire de la course d'orientation.

Ces raisons n'étaient pas toutes sportives !

Pas plus dans ce domaine que dans un autre, je n'avais le culte de la performance. Ni celui de la compétition.
J'étais prête à perdre quelques minutes pour prendre des photos mentales de certains moments. Et j'ai bien fait ! Car, maintenant, il me reste ces images de sommets brumeux et verts en Suisse, d'étendues d'arbres en noir et blanc qui se détachaient sur la neige et le silence, de ces allées de sable infinies et épuisantes dans les Landes, de ces rochers à perte de vue à Fontenaibleau où j'abdiquais (trop de triangles noirs sur la carte, trop de courbes de niveau... je devenais tout à coup analphabète !)...

Ces souvenirs sont plus précieux que les médailles...
(Précieux aussi les amis retrouvés à chaque course, et les amours, oui, il y en a eu.)

J'aimais également les trajets en voiture -plus ou moins longs- qui encadraient la course.
Ils étaient si particuliers, ces moments. Enfermée dans l'habitacle mais à 10 000 lieues de là.

Dans une voiture, on est partout à la fois.

Les voix de l'Oreille en coin du dimanche après-midi, sur France Inter, ouvraient mon imaginaire (quelqu'un aurait-il su me dire "cette fille, Kriss, elle sera dans ta maison, en 2003, elle deviendra ton amie en même temps que tu passeras dans son émission...)(et Claude Dominique... Je ne comprenais pas tout mais qu'est-ce que je l'aimais, sa voix).

Mais j'aurais eu assez de mes rêves éveillés pour m'occuper pendant tous les embouteillages du monde.
Je n'aurais pas voulu dormir. Ne pas livrer au sommeil ces heures que je pouvais passer à ne rien faire sans que quiconque me le reproche.

Ces heures hors du temps me séparaient du dimanche soir, du travail non fait dont je devrais m'acquitter une fois rentrée.
Ah comme j'aurais aimé qu'il y ait des embouteillages pour rentrer !
Comme j'aurais aimé, même, ne pas rentrer !

Ce soir, en regardant le soleil se coucher sur les bords de la Sumida, j'enviais ces gens, bloqués dans les voitures sur le pont.
Parmi eux, il devait bien y avoir une petite fille qui se réjouissait de ces files qui immobilisaient la voiture de son père et la séparaient -un peu, rien qu'un peu- de ces devoirs inachevés et de ce lundi matin qui était inauguré par un cours de physique...

19.5.07

Danse et reve

"Oh, vraiment, on n'est jamais ce qu'on est -pas tout à fait, pas exactement- quand on est seul et qu'on vit à l'étranger et qu'on parle constamment une langue qui n'est pas la sienne ou celle du début. Aussi longtemps que se prolonge le temps de l'absence, et qu'on n'en aperçoit pas le terme parce qu'il n'a pas été fixé dès le commencement ou qu'il s'est dilué et n'est pas déjà prévu, et en outre il n'y a pas de raisons de penser qu'un jour ce terme puisse se présenter ou être aperçu, et le retour qui s'ensuivra (le retour à cet avant qui n'aura pas attendu) et qu'ainsi le mot "absence" perde sens et enracinement et force à chaque heure qui passe et qu'on passe au loin -et alors cet autre mot lui-même, "loin", les perd aussi-, ce temps de notre absence s'accumule comme une étrange parenthèse qui au fond ne compte pas et ne nous héberge que comme des fantômes sans trace et commuables, et dont par conséquent nous n'avons pas non plus à rendre compte à personne, pas même à nous (ou du moins pas en détail, jamais complètement). On se sent jusqu'à un certain point irresponsable de ce qu'on fait ou de ce dont on est témoin, comme si tout faisait partie d'une existence provisoire, parallèle, étrangère ou prêtée, fictive ou quasi rêvée -ou peut-être est-elle théorique comme ma vie tout entière; comme si tout pouvait être relégué à la sphère de ce qui est simplement imaginé et jamais arrivé, et bien entendu de ce qui est involontaire; tout cela jeté dans le sac des figurations et des soupçons et des hypothèses, et même dans celui des simples rêves insensés, au sujet desquels il y a toujours eu un insolite et quasi permanent et universel consensus tout au long des siècles dont on ait gardé la mémoire, conjecturée ou historique, fictive ou certaine : ils ne dépendent pas de l'intention de celui qui rêve, et celui-ci n'est jamais coupable de leur contenu."

Javier Marias. Ton visage demain (II). Danse et rêve.

Il faut être disponible, entièrement disponible, pour lire Javier Marias. Il faut pouvoir s'installer dans ses phrases longues et sinueuses, oublier de se demander où il nous emmène mais se laisser prendre par la main par cet auteur majuscule, s'abandonner au rythme de sa langue, de ses digressions...
Pour suivre le narrateur de Ton visage demain, Espagnol vivant en Angleterre, il est, finalement, assez adapté d'être Française et de vivre au Japon.

18.5.07

Vendredi vent


Pour revenir de Shimo à vélo, on longe la caserne des pompiers et c'est l'occasion de voir tout un tas de beaux mecs musclés qui courent en chantant.
C'est en passant devant le combini, juste avant la caserne, que m'est revenu tout l'itinéraire. On l'avait pris, ce chemin, l'an dernier, avec E. et, comme j'avais faim, je m'étais arrêtée acheter un mochi vert que j'avais mangé en pédalant.
Aussi, aujourd'hui, je savais que j'avais tout intérêt à chanter avec les pompiers parce qu'après, ça ne serait plus drôle.
Car, ensuite -et il faut vraiment en passer par là- Tokyo montre de Mr Hyde le visage.
Après la dînette du petit déjeuner au parc, les rues tranquilles et le café ordinaire de Shimo, les voies rapides superposées de ce côté de Shinjuku paraissaient encore plus cruelles de me brûler les yeux, d'insinuer leur monoxyde de carbone à l'intérieur de moi...
Et chaque enseigne de café croisée me donnait envie de m'arrêter sur le champ et de baisser les bras et capituler.
Mais quoi ? Que se serait-il passé dans les cafés ???
De toute façon, tôt ou tard, il aurait fallu repartir, il aurait fallu à nouveau pédaler. Malgré le vent. Malgré l'épuisement.
Parce que, oui, je pouvais attendre que le vent souffle dans mon dos. Mais cette fatigue, elle ne risquait pas de disparaître, elle, tant que j'étais là...
Puisque c'est être moi qui me fatigue tant.

Dans la descente, j'ai fermé les yeux.
Juste un instant.
Mais il y avait ces mots : "take care, lady cycle".
Yes I do.
Promis.

17.5.07

Nos jeudis


Désormais, le jeudi est le jour du courrier ! Celui que nous échangeons, Mme Gâ et moi, à cette poste restante !

16.5.07

Après l'orage à Koenji

Après l'orage, Koenji continue de faire la sieste, encore un peu. Et se réhabitue au soleil.

Les ruelles y ont le parfum des roses.

Et prêtent leurs lignes droites aux marches sans but, aux rêveries distraites et aux jours de vacances en pleine semaine.

Dans le ciel bleu sans tache, on pourrait croire au mat d'un bateau,

de ceux qu'on peut emprunter pour une partie de pêche de quelques carpes oubliées là...

La porte ouverte laisse s'échapper des voix françaises. Des voix de radio. C'est toujours par surprise que se rappelle à moi mon autre pays... Cette adresse qui n'est plus que celle de mon grenier aux livres dormants, rue Jean Bart dont voilà le béret... Et cet avion Air France, cet avion minuscule posé sur du bleu comme s'il s'était posé dans le ciel...

15.5.07

Tuesday self portrait(s)

A Koenji, j'ai commandé un chai latte en attendant la fin de l'orage.

La petite robe a une tache minuscule et c'est pour ça qu'elle coutait moins cher.

L'onigiri au saumon était parfait. La glace était au sésame noir.

Ce que ne dit pas la photo prise sur le quai, c'est que, sur mes genoux, il y avait une brassée de pivoines. Je sais parfois m'offrir des fleurs, surtout quand ce sont mes préférées. Au monde.

A mes pieds, une boîte de lessive. J'aime le geste de ceux qui nous rendent la monnaie dans les magasins. Ils glissent une main sous la nôtre, que l'on tend. Et c'est un geste presque tendre. Le caissier souriait en déposant les pièces dans ma paume. En le regardant dans les yeux, je me suis dit que je trouverais volontiers quelque chose à acheter tous les jours dans cette droguerie !

(Si vous cliquez sur la première et la deuxième photo pour les agrandir, vous pouvez voir, à mon doigt, la bague réalisée par Odilon qui suscite la jalousie de toutes les filles qui la voient !!!)

14.5.07

Groupie

N'est-ce pas signe qu'on vieillit de ne plus avoir aucune idée du nom des visages qu'on peut trouver sur les posters qui peuplent les chambres adolescentes ???
On atteint vite l'âge où on peut commencer à dire "de mon temps" !
De mon temps, donc, Mickael Jackson, Robert Smith et sa bande, Renaud, Ahah... étaient en tête de palmarès dans les carteries.
Sur mes murs, ils n'y étaient pas.
En 1984, j'avais seulement une affiche décollée dans la rue, un soir ou plutôt une nuit avec Odilon, Estrella et cie, l'affiche du concert de Balavoine que j'étais allée voir avec Chenican... L'affiche, enduite de colle, indissociable d'une dizaine d'autres qu'elle recouvrait, tenait debout toute seule. J'adorais l'avoir dans ma chambre, elle et le bout de rue qui était avec elle, et le souvenir de ce sentiment d'interdit que j'avais ressenti quand on l'avait décollée...

Mais bon, avec le temps, je me suis aperçue qu'il n'est pas vraiment dans ma nature d'être fan de, de crier Patriiiiiiiick à la sortie d'une pizzéria, de faire la queue pour obtenir un autographe de Plastic Bertrand un soir de 14 juillet à Hellemmes où il vient de chanter...

Et pourtant aujourd'hui, à 36 ans, j'ai accroché un poster de mon idole au mur !!!

13.5.07

Message personnel

Aller faire le marché le dimanche matin me manque.
Alors, ce matin, j'ai fait ce qui y ressemble le plus, d'une certaine manière : je suis sortie acheter du pain pour le petit déjeuner.

Le dimanche, j'aimerais que le petit déjeuner dure toute la journée mais il y a toujours un moment où il faut admettre qu'il est terminé...

C'est en voyant tous ces pots d'oeillets que déballait la fleuriste que je me suis souvenue que c'était la fête des mères aujourd'hui.
Il y en avait de toutes les couleurs mais ce sont les bleus qui ont attiré mon regard. Parce que les fleurs bleues, elles me font toujours penser à Antoine Doisnel qui les teint dans la cour de son immeuble dans "Domicile conjugal".
(A Mme Gâ aussi, elles évoquent cette scène et un vendredi, alors qu'elle achetait des fleurs, nous avons répété en boucle Antoine Doisnel Antoine Doisnel Antoine Doisnel Antoine Doisnel Antoine Doisnel Antoine Doisnel Antoine Doisnel Antoine Doisnel Antoine...)
Maman, sais-tu que je ne peux pas penser à Jean-Pierre Léaud, à François Truffaut sans penser à toi qui me les fis connaître et aimer ?
Alors, ces oeillets bleus, je te les ai dédiés, en pensée.

Et sache aussi que si je fais durer aussi longtemps la confiture de figues que tu m'envoies, c'est que c'est un moyen d'être dans ta cuisine odorante et sucrée et ouverte sur le jardin en plein été à chaque fois que je la mange, un plaisir renouvellé à chaque cuillerée.
Aujourd'hui, si j'étais en France, je m'inviterais volontiers pour le repas et, ensuite, on attendrait que papa soit dans le jardin, on mettrait les Beach Boys à fond et on danserait dans le salon !
Bonne fête maman ! Je t'embrasse.
Gwendoline

12.5.07

Un anniversaire et une terrasse au troisième

"Quand on commence à dessiner un plan, on n'a jamais assez de place pour aller jusqu'à ce qu'on veut montrer. Mais moi, je vais faire autrement."
J'ai glissé son dessin dans ma poche et n'ai pas eu besoin de le regarder : j'ai reconnu la route qu'elle m'avait décrite et cette longue artère qui monte, qui partage en deux le cimetière -sans vie à l'heure du retour.

Un an que nous partageons nos itinéraires, que nos mots se croisent dans les jardins de Tokyo, que je détiens ses souvenirs...

La fin de l'itinéraire est restée dans son carnet car une feuille n'y suffisait pas, malgré tout.
Mais, grâce à elle, je sais toujours un peu mieux où je vais...


(et une jolie requête sur Google, aujourd'hui :
12 May, Sat, 19:06:56
Google: imaginer un pays qui ressemble a la douceur d'aimer)

11.5.07

Vu !

Serait-il possible de se sentir seul dans une ville où l'on croise autant de regards ?




10.5.07

Nos jeudis

Nos jeudis ont le goût des fou-rires, la couleur des délires.
Ils sont l'occasion de tester une nouvelle recette, d'écouter une autre bande-son, de retomber en enfance, de parler de l'avenir ou de se moquer du passé et, surtout, de profiter de l'instant.
Nos jeudis se ressemblent. La journée s'y arrête, la nuit y commence sur fond de nappe à carreaux.

Désormais, je ne serai plus ici le jeudi mais retrouvez-moi, découvrez-nous LA.

9.5.07

Les mots sont mes amis


"Pour commencer, j'essayai de recopier des passages de livres que j'aimais (...)
C'était une tâche beaucoup plus amusante que je ne l'aurais cru. Même s'il s'agissait de mots auxquels je n'avais pas réfléchi, dès lors que, se faufilant jusqu'au bout de mes doigts, ils apparaissaient devant mes yeux, ils me devenaient attachants.
Les mots étaient tous mes amis. Ils donnaient une forme à tout ce qui était incertain, agaçant ou timide. Une forme de mot, rehaussée d'encre bleu nuit. Et lorsque soudain ma main s'immobilisait, la page du cahier était entièrement remplie de caractères. Une signification était donnée à cette page, blanche un moment plus tôt. En plus, c'était moi et personne d'autre qui lui en avais fait cadeau.
Je caressais la page en m'abandonnant à une fatigue doublée d'un sentiment de supériorité. J'avais l'impression de tenir au creux de ma main les lois secrètes qui régissaient l'univers."
Yoko Ogawa. La bénédiction inattendue.

8.5.07

Tuesday self portrait (unlucky)


Après m'avoir annoncé une année bien pourrie dans l'horoscope de janvier, que voit dans ma main le BIBA de mai ???

J'y apprends que je suis "riche de sensibilité et d'imagination", que j'ai "de bonnes facultés d'adaptation" et que je suis capable "d'un parfait équilibre entre la raison et le coeur".
Mais aussi que je suis vouée à "une vie sentimentale sans remous", que je n'ai ni "détermination ni courage physique", ni même "confiance en moi ni courage moral"...
Que je suis une personne qui "place ses ambitions ailleurs que dans le travail et qui a le goût de l'isolement."
"Un individu équilibré et sociable -en voilà une qui n'a pas besoin d'en faire une tonne pour séduire son monde à la machine à café ou à la supérette", "un être qui, bien qu'effacé, sait profiter des bons moments de la vie", une "personne peu amatrice de fantaisie et qui campe bien droit dans ses bottes."
J'ai une ligne de vie courte, "signe d'un tempérament impulsif et colérique et d'une existence agitée, marquée par des moments d'exaltation et d'autres de réflexion".
Une ligne de tête bien marquée qui indique que "mon jugement est sain, ma vie bien rythmée" mais aussi que j'ai un "esprit imaginatif et fantaisiste, ayant du mal à affronter la réalité".
Ma ligne de coeur, bien lisible, elle aussi, est "signe de générosité et d'équilibre entre le coeur et la raison".
Ma ligne de destin m'indique que je "dois faire preuve de prudence afin de conserver ce que j'ai construit (mon couple, ma maison, mon empire industriel)" (!!!) mais aussi que je ne pourrai "briller que grâce à mon mérite, en utilisant mes propres moyens".
Ma ligne de chance... Ma ligne de chance ??? Eh bien, c'est simple : JE N'AI PAS DE LIGNE DE CHANCE !
"Si vous n'avez pas de ligne de chance, pas de panique : travail et persévérance vous permettront de réussir malgré tout".

Bon, eh bien... L'empire industriel, c'est pas pour demain, quoi !!!!

(Bonus : une gravure d'Amélie Vidgrain)

7.5.07

Trois minutes de soleil en plus

Au début du film, Jules retourne le sablier géant en disant que, quand il sera vide, il sera temps d'y aller. Puis il rejoint Jim dans le jardin. C'est un geste en passant, d'une profonde désinvolture, d'une légèreté totale. C'est un geste anecdotique.
Je ne sais pas pourquoi cette scène minuscule m'a tant marquée. Mais, à elle seule, elle suffit à provoquer le manque de ce film pourtant tellement vu...
Je me suis demandée, depuis, d'où était venue cette idée... Peut-être que Fred Capel tenait à cet objet et avait envie qu'il apparaisse dans un film dont il signait les décors. Ou François Truffaut lui-même venait de le recevoir en cadeau...

Les sabliers ont toujours été, pour moi, des objets de fascination. Du temps enfermé derrière des parois de verre. Du temps à l'état pur, à la réalité indiscutable.
A un moment de ma vie, je ne faisais pas confiance aux montres que, pourtant, je possédais en grand nombre. Impossible que les trois minutes qui me restaient dans les bras de mon amoureux avant l'arrivée du bus soient identiques à celles qui me séparaient de la fin du cours de physique...

A présent, je possède trois minutes en cage et je sais enfin que si, ce temps est identique, toujours identique.
C'est une connaissance parfaitement inutile puisque je ne prends plus le bus et que j'ai tout oublié de mes cours de physique.
Trois minutes : le temps d'une chanson, le temps d'attente entre deux trains de la Yamanote, le temps de me maquiller les yeux, le temps de terminer d'écrire ce billet avant d'y aller.

6.5.07

Un lait chaud, s'il vous plait

"Nous nous alimentons peut-être moins de mets que de parfums, d'images, de mots et de réminiscences.
Le plus évanescent serait-il le plus nourrissant ?"
Claude Pujade Renaud. Sous les mots les mets

Au milieu des années 80, j'ai eu plusieurs fois l'occasion de prendre le train à la gare Montparnasse.
Mon père avait la gentillesse de m'accompagner jusque là et comme nous étions en avance (ou bien, parfois, nous n'étions pas en avance mais, à cause des grèves, j'avais longtemps à attendre), nous allions au café.
C'était un café typiquement parisien. Typique aussi de la proximité d'une gare. Un café sombre et pas très propre. Impersonnel au possible. Où, cependant, des gens deviennent, au fil du temps, habitués.
Habitués, nous avions fini par l'être, un peu, mon père et moi. Bien sûr, un serveur n'aurait pas pu nous reconnaître d'une fois sur l'autre mais nous savions tous deux, quand il me proposait d'aller au café à Montparnasse, qu'il s'agissait de celui-là.

Plus tard, quand j'allais prendre un train et que je passais devant, je repensais à ces moments-là.

Nous ne nous disions pas grand-chose. Nous attendions simplement que le temps passe.
Invariablement, je commandais un lait chaud. Un jour, en effet, j'avais réalisé que, quand on buvait un lait chaud au café, il était recouvert d'une mousse légère qui faisait mes délices. Je savourais à la petite cuillère cette douce matière évanescente, qui disparait dans la bouche aussitôt qu'on l'y met. Ensuite, ne restait que le liquide à la couleur blanche délavée, refroidi trop tôt et au goût insipide. J'aurais aimé une tasse entière de mousse !

Ce matin, dans ce café où je sais qu'aucun thé ne présente le moindre intérêt, j'ai commandé un lait chaud -tall size- pour accompagner mon scone du petit déjeuner.
3 centimètres d'épaisseur de ce blanc parfait, cette mousse dense et épaisse dans laquelle ma cuillère dessine des cratères.
3 centimètres de bonheur parfait.
Puis, en dessous, du lait, du vrai. Très blanc et odorant. Encore chaud.

C'était Ebisu, pas Montparnasse. Et je suis montée dans la Yamanote.

5.5.07

C'est tous les jours dimanche


Je finissais de déjeuner sur le balcon à 9H quand mon téléphone a sonné. Et je n'ai pas été étonnée de l'entendre reporter notre rendez-vous.

Alors, je suis restée au soleil et j'ai fini mon livre. Je me suis souvenue l'avoir entendu parler de son voyage en Russie, du tournage de son film, il ne mangeait pas, il parlait et disputait à Fabrice Drouelle l'attention de la jolie fille qui, par habitude ou naïveté, semblait ne s'apercevoir de rien...
Et je me suis dit que c'était bien de l'avoir rencontré en 2003, bien avant la parution et ma lecture de ce Roman russe... Qu'il doit être difficile, à présent, de lui parler sans que tout ce qu'il nous apprend de lui ne se superpose à l'opinion qu'on peut se faire de lui...

Plus tard, à vélo dans le vent.

Le dimanche ou les jours fériés, Otsuka ressemble beaucoup à une petite ville de province.

Parfois, je dois faire un effort pour me souvenir que j'habite à Tokyo, une capitale d'environ 30 millions d'habitants.