20.5.07

Les embouteillages du dimanche soir

J'avais toutes sortes de raisons d'aimer faire de la course d'orientation.

Ces raisons n'étaient pas toutes sportives !

Pas plus dans ce domaine que dans un autre, je n'avais le culte de la performance. Ni celui de la compétition.
J'étais prête à perdre quelques minutes pour prendre des photos mentales de certains moments. Et j'ai bien fait ! Car, maintenant, il me reste ces images de sommets brumeux et verts en Suisse, d'étendues d'arbres en noir et blanc qui se détachaient sur la neige et le silence, de ces allées de sable infinies et épuisantes dans les Landes, de ces rochers à perte de vue à Fontenaibleau où j'abdiquais (trop de triangles noirs sur la carte, trop de courbes de niveau... je devenais tout à coup analphabète !)...

Ces souvenirs sont plus précieux que les médailles...
(Précieux aussi les amis retrouvés à chaque course, et les amours, oui, il y en a eu.)

J'aimais également les trajets en voiture -plus ou moins longs- qui encadraient la course.
Ils étaient si particuliers, ces moments. Enfermée dans l'habitacle mais à 10 000 lieues de là.

Dans une voiture, on est partout à la fois.

Les voix de l'Oreille en coin du dimanche après-midi, sur France Inter, ouvraient mon imaginaire (quelqu'un aurait-il su me dire "cette fille, Kriss, elle sera dans ta maison, en 2003, elle deviendra ton amie en même temps que tu passeras dans son émission...)(et Claude Dominique... Je ne comprenais pas tout mais qu'est-ce que je l'aimais, sa voix).

Mais j'aurais eu assez de mes rêves éveillés pour m'occuper pendant tous les embouteillages du monde.
Je n'aurais pas voulu dormir. Ne pas livrer au sommeil ces heures que je pouvais passer à ne rien faire sans que quiconque me le reproche.

Ces heures hors du temps me séparaient du dimanche soir, du travail non fait dont je devrais m'acquitter une fois rentrée.
Ah comme j'aurais aimé qu'il y ait des embouteillages pour rentrer !
Comme j'aurais aimé, même, ne pas rentrer !

Ce soir, en regardant le soleil se coucher sur les bords de la Sumida, j'enviais ces gens, bloqués dans les voitures sur le pont.
Parmi eux, il devait bien y avoir une petite fille qui se réjouissait de ces files qui immobilisaient la voiture de son père et la séparaient -un peu, rien qu'un peu- de ces devoirs inachevés et de ce lundi matin qui était inauguré par un cours de physique...

Aucun commentaire: