30.6.07

Urbaine, décidément

Parce qu'il y a du vent aujourd'hui, et des nuages juste ce qu'il faut, il est à nouveau agréable de marcher dans les rues et suivre à pied la voie de la Yamanote, de Hiroo à Shibuya plutôt que de rechercher à tout prix son air climatisé.

Marcher sans horaire, sans impératif.

Et, tranquillement, emplir le ventre du Lumix de ces écritures urbaines,

Ces broderies industrielles et colorées.

A me voir si bien assortie aux miroirs de Tokyo, je me dis que, à coup sûr, mon reflet y demeure quand moi, je m'en éloigne...

29.6.07

Une déclaration

"La première fois qu'Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement laide."
Il est des histoires qui ne commencent pas sous les meilleurs auspices...
Et moi aussi, quand je l'ai vu la première fois, j'ai été déçue.
Et j'ai réalisé mon inconséquence, mon inconscience -je ne sais même pas comment appeler ça- qui m'avait poussée à signer, sans l'avoir rencontré, ce contrat qui liait à lui mes jours et mes nuits...
C'est vrai, ça : c'est lui que j'allais voir à chaque réveil, tous les jours. C'est lui que j'allais retrouver tous les soirs.
Mais qui s'engage ainsi à l'aveuglette, sur la foi de belles paroles ?
Oui, ce premier jour, je me suis demandée ce qui m'avait pris...
Et puis...
Et puis, très vite, il a su me séduire.
Grâce à son calme immuable, sa bonne situation, ses rapports de bon voisinage, son accueil réconfortant...
Très vite, nous sommes devenus très intimes et il sait tout de moi. Il est témoin de mes excès, de mes faiblesses, de mes éclats de rire. Compagnon de mes nuits courtes ou blanches, il veille sur mes siestes anarchiques...
A présent, je ne lui trouve que des qualités et je suis secrètement fière que tous mes amis soient également sensibles à son charme.

Ah oui, vraiment, ce palazetto a tout d'un palace et, chez lui, je me sens un peu reine !
J'aime tout de lui, j'aime toutes ses pièces, de la chambre au grenier, de la bibliothèque au dressing... du salon au balcon, à l'heure du vent et du oolong.





28.6.07

C'est jeudi !



Contrairement à l'idée que beaucoup s'en font, Madame Gâ n'est pas Japonaise. Si elle l'était, ça serait moins facile de lui écrire tous les jeudis.

27.6.07

Trois bonnes adresses

Cet après-midi de novembre, au dernier étage, devant un lait de soja et la ville qui s'étendait devant nous, nous avions constaté à quel point notre vie était simple et belle.
Mais, le soir même, on s'était employé à compliquer la mienne...

Il est des portes qu'il faut savoir claquer.
Il est des lieux qu'il faut savoir partager.

Un restaurant de tofu à Ebisu. Un salon de thé à Takadanobaba.

Et le Canal Café. Evidemment.

26.6.07

Tuesday self portrait


"On sait qu'il suffit d'être seule. Le monde est grand quand on est vraiment seule. Je sais qu'il suffit d'être seule pour tuer le temps et ne plus être seule. Suffit d'être seule. Mais pas vraiment seule.
Faire cent mètres au paradis et revenir ici, chaque jour est le même et ne se ressemble pas. Je cours après les taxis, je cours après ma vie, si un roi me fait reine, je ne vivrais plus tout ça." Keren Ann.

C'est un samedi et il est presque midi.
Il y a du soleil, une chaleur sèche. Et du vent qui agite les pages de mon journal et mélange ma chronologie.
Plus loin, des vieilles dames autour d'une table. Et lui, qui pose sa tête entre ses bras et, le temps que je m'habitue à sa présence, il n'est déjà plus là. Sommeil éphémère.
Moi aussi, éphémère en ces lieux. Et, grâce au retardateur de l'appareil, seule mais pas vraiment seule.
Avant de rejoindre ma vie.

25.6.07

Intérieur nuit


Mais d'où Paris tient son nom de "ville lumière" ???
A Tokyo, il fait nuit à 19H30 et tout s'éclaire.
Tout sauf les cimetières et les ruelles tranquilles où seules brillent les enseignes des restaurants d'anguilles et de tonkatsu. Et où s'échappe de la musique des minuscules et vieux karaokés.
Ma rue est sombre mais, en bas, le distributeur veille. Et l'hôtel Cosmo, comme un phare.

24.6.07

Un thé chez la Reine (2)

Regarder ce livre, rien que le regarder, me donnait l'impression d'être chez la Reine. Les scones chauds sur lesquels on étale le beurre fondant. Les carrot cakes glacés blancs. Les gâteaux à la mélasse.
J'ai passé beaucoup de temps à rêver devant ces photos.
Parfois, je me suis décidée à tester une recette. C'était étrange, aucune n'était correcte. Il manquait toujours quelque chose. Et, parfois, je n'avais pas besoin d'essayer pour savoir que ça n'allait pas fonctionner : un gâteau à la carotte sans carotte, ah oui, vraiment ?!

Mais, dans ce livre, il y avait une recette de cake. Une recette infaillible parmi toutes ces utopies.
Un simple cake aux raisins mais alors, vraiment, le cake que je pourrai apporter sans rougir chez la Reine quand elle m'invitera pour le thé.
(Une petite parenthèse ici pour dire que je maîtrise parfaitement les temps de la langue française et que je sais ce que je fais quand j'utilise le futur plutôt que le conditionel pour parler de ma rencontre avec la Reine.)


Aujourd'hui, pour ce pique-nique parmi les cartons, c'est lui que j'ai eu envie de cuisiner. Je ne l'ai jamais fait depuis mon arrivée au Japon. Mais aujourd'hui, c'est sa texture dense et réconfortante que j'ai eu envie de retrouver.


Et c'est au moment où j'ai versé la pâte dans le moule -une pâte onctueuse qui se déroule en ruban- à ce moment précis que m'est revenu le souvenir du gâteau à la rhubarbe. C'est le même genre de pâte que j'étalais sur le fond de rhubarbe (la recette disait 300 g mais je mettais pas loin d'1 kg de ces tronçons odorants). Et m'est revenu le parfum et, en bouche, les fruits qui, devenus fondants, devenus compote, se mêlent à la pâte et l'humidifient parfaitement.

Combien de fois l'ai-je cuisiné, ce gâteau ? Il était vite devenu le préféré entre tous d'E. qui m'en voulait de toujours le faire quand on avait des invités parce que ça lui en faisait moins à manger ! Il était devenu son gâteau d'anniversaire mais il en aurait volontiers mangé tous les autres jours.
Comment ai-je pu passer autant de temps sans penser à ce gâteau ? Et comme il est étrange d'y repenser à une semaine de l'anniversaire d'E.

On m'aurait dit que j'allais être heureuse de vivre dans un pays où la rhubarbe n'existe pas, je ne l'aurais pas cru. (Tout le reste non plus...)

23.6.07

Reste(z)


Il est des habitudes que je n'ai pas envie de prendre.
Je ne veux pas que, chaque week end, le tofu ait un goût de départ.
Je ne veux pas que, chaque week end, les pique-niques soient des au-revoirs.
Je sais comment faire -je suis si souvent celle qui reste- : lever la main en direction du taxi, du vélo, du visage qui s'éloigne. Et l'agiter. Et sourire encore.
Ou rester sur le seuil, être celle qui reste sur le pallier.
Et dire "on s'écrira" et le faire, le faire. En sachant que ces mots n'auront pas cette saveur de proximité de ceux qu'on échange debout dans le couloir ("mais entre, entre, Gwen !), qu'on échange sur nos téléphones ("Super temps. bonheur. a tout de suite") ou sur nos écrans d'ordinateur ("un sushi demain midi, amie Alli ?!").

Je suis celle qui reste. Je souris. J'agite la main.
Mais, à l'intérieur : Revenez vite, je vous attends, revenez vite s'il vous plait.

Le ciel de Tokyo est bien trop intense, bien trop immense pour ne pas vouloir le partager.

22.6.07

La grande bouffe







On pourrait croire que j'ai passé ma journée à manger...
Et, en fait, c'est un peu ça !

21.6.07

C'est jeudi !

Et c'est ici que, le jeudi, je prends mes quartiers d'été.

20.6.07

ready


D'accord, il fait beau et chaud mais, au cas où, j'ai quand même acheté des chaussures waterproof.

19.6.07

Tuesday self portrait


Moi qui sais parfaitement comment mon visage va vieillir, qui n'ai aucune surprise lorsque, dans le miroir, je constate une nouvelle ride qui fait ressembler mes traits à ceux de toutes les femmes qui me précèdent dans ma famille, je me demande parfois ce que c'est que d'avoir perdu ses parents tôt, ou d'être adoptée. Et de ne pas savoir à l'avance celle qu'on sera, plus tard, dans pas si longtemps...

17.6.07

Jour de plage


Ce jour-là, ce jour de juillet 2005, au 72 de la rue Jean Bart, la bière était à la pression, les amis en nombre, la bibliothèque déjà en cartons.
A quelques jours du départ vers cet autre fuseau horaire, en cette journée longue, il était encore temps de parler, de trinquer, de rire... Il était encore temps de faire connaissance, in extremis, avec ceux, à peine croisés auparavant, que l'on découvrait et avec qui on aurait volontiers encore partagé quelques soirées, quelques bières, quelques mots...
C'était un peu comme dans les embouteillages du dimanche soir : tant d'amitiés possibles dans toutes ces voitures côte à côte mais, déjà, elles s'éloignent dans des directions différentes et on n'a même pas de temps pour les regrets.

Julie quitte le Japon dimanche prochain.
Je le savais le jour où j'ai fait sa connaissance. Dès ce jour-là, j'aurais aimé passer un peu plus de temps avec elle, pas seulement ce repas de Noël, pas seulement ce dimanche de hanami, pas seulement aujourd'hui au bord de la mer.
Je pense au monde tel que le verront ses yeux clairs. Je pense au monde tel qu'elle le montrera quand, dans sa main, il y aura un pinceau. Ses toiles seront lumineuses et heureuses, j'en suis certaine.

16.6.07

Les mots sont mes amis (3)

J'aime l'imaginer dans le passé de ses trajets quotidiens. Ce temps qu'il avait choisi de passer non pas les yeux dans le vague, non pas dans le sommeil, pas dans la lecture non plus. Un temps -deux fois une heure, chaque jour- qu'il avait décidé de consacrer à l'apprentissage d'une langue qui lui était chère mais ne lui était pas utile.
Il habitait dans un pays éloigné de la saveur des mochis, du macha et de la tempura. Mais le paysage qui défilait sous ses yeux se teintait de ces syllabes répétitives ka, ku, ki, mo, chi, ma, sa, to, tsu. Le paysage disparaissait sous le dessin des kanjis qui, peu à peu, imageaient son langage. Le sens des mots -main, banc, fille, coeur...- s'enrichissait de leurs associations et créaient un autre vocabulaire, une langue qui, maintenant, lui est personnelle, un peu secrète.
La langue de l'intime.

接心

Les mots sont des cadeaux.

15.6.07

5 photos vers le boulot

J'aimais bien cette idée, lancée par Thomas.
Moi, sans routine, sans direction répétitive, j'ai eu envie, en ce jour bleu, d'ajouter mon trajet, mon regard, à ce recensement original.
De chez moi à la Yamanote. Cinq minutes à pied. Des fleurs toute l'année dans les ruelles -en ce moment : la fin des fleurs magiques et jaunes. Mais elles vont refleurir en septembre. Deux feux non coordonnés -non, je n'attends pas tous les jours qu'ils passent au vert. Un Yoshinoya à l'angle. La voie du tram. Les distributeurs de tracts. Les vélos alignés. Les voix enregistrées, "Mamonaku, ichibansen ni...", portées par le vent au-delà de la gare.




Aujourd'hui, je change à Shinjuku. Direction Kichijôji dans la Chuo. Du bleu, décidément.

14.6.07

Jour de fete


12 millions d'habitants. Mais, le jeudi, le facteur ne s'y trompe pas et c'est à moi qu'il apporte du courrier !

13.6.07

Copine de personne

Je ne sais pas vous mais moi, je me suis inscrite sur Copains d'avant.com...
Il y avait une émission de télé, dans les années 80, je suis incapable de retrouver son titre. Mais dans cette émission, une star était invitée et arrivaient sur le plateau, des gens qui étaient en classe avec elle. Parfois une classe entière était reconstituée.
ça nous faisait fantasmer, cette émission. Je crois que chacun imaginait qu'un jour, la star, ça serait elle et que le reste de la classe viendrait lui faire coucou à la télé.
Or, cette émission n'existe plus depuis longtemps et, à ma connaissance, jamais personne, parmi les élèves de mes classes successives n'est devenu star au point de passer dans ce genre de divertissements (dans le public, je dis pas mais...).
Et les personnes les plus connues parmi mes amis sont des écrivains qui parlent sur France Culture et sur France Inter mais ne fréquentent pas les talk show de la télé (ils seraient sans doute moins mes amis !)
Moi, je n'aimerais pas être star, non merci... Et puis, ils seraient bien embarrassés, à la télé, de retrouver mes "copains d'avant"... d'abord parce que, sur le moment, je n'en avais déjà pas beaucoup. Mais, en plus, maintenant, sur le site, personne ne me liste parmi ses copains (c'est logique, finalement !) et personne ne formule d'avis de recherche dans ma direction (enfin, il suffit de taper mon nom sur google pour arriver ici, ça serait dommage de mobiliser la France entière pour ça !)... Elle serait un peu plombante, l'émission télé qui me serait consacrée !!!

Ceci dit, il y a, sur Copains d'avant.com, une rubrique qui me déprime complètement.

Votre vie personnelle et familiale est plutôt :
-très réussie, plus que je ne l'imaginais.
-conforme à mes rêves de jeunesse.
-moins réussie que je ne l'imaginais.

Il y a des gens que je connaissais qui ont coché la dernière réponse. Moi, je n'ai aucun mérite : je n'ai jamais rien imaginé concernant mon avenir alors, je ne risquais pas d'être déçue (toujours pas, d'ailleurs !). Mais, n'empêche : je n'avais peut-être pas de copains à l'école et je ne suis pas une star mais, au moins, j'ai opté pour la première réponse... NA !

12.6.07

Tuesday self portrait



Un an que je passe mes mardis dans les miroirs de Tokyo.

11.6.07

Puissance deux


Au Japon, le mois de juin est la saison des miroirs.

Et le ciel aime s'y regarder.

Et pour nous, heureux voyageurs, heureux spectateurs, ça fait le double d'horizon.

10.6.07

Dimanche 17H


Le dimanche à cinq heures, il y a un air frais qui fait presque regretter les manches courtes (ah vraiment, la météo est cyclotimique) mais qui rend les couleurs belles et donne envie d'en faire des photos.

Il y a des bouts de ciel qui flottent dans les caniveaux.

Il y a une jolie myse en abîme.

Il y a une fille qui, si elle était une fleur, serait narcisse.

Il y a des messages dans les miroirs qui ressemblent à de simples dessins.

Il y a un chat qui n'aime pas être interrompu dans sa toilette.

9.6.07

Non

Je peux répondre, ce soir, à la question de Madame Ga : finalement non.
Traversant les rues de Sugamo, me reviennent, dans la nuit humide, toutes les sensations de cette période de l'année.
La digestion difficile qui pousse au manque d'appétit. Les odeurs de friture ou de pressing, insupportables. La chaleur poisseuse qui pèse sur les épaules comme un vêtement superflu qu'on ne peut pas enlever. Le sommeil toujours plus court. Les pensées qu'on ne parvient pas à coordonner comme on voudrait parce que l'une d'entre elles prend le dessus : qui a mis le chauffage ??? Les températures en montagnes russes : au moment où, par désoeuvrement, on se résoudrait à aller faire les courses à 23H30 parce que, de toute façon, on ne fait rien et que, comme ça, ce serait fait... il se met à pleuvoir et, tout à coup, l'atmosphère rafraîchit...

Ce soir, j'annonce publiquement l'ouverture de la saison des pluies...

8.6.07

Petite dernière

Troisième et dernière de la série limitée décidée par nos parents. Je n'ai jamais cru que j'étais tellement plus favorisée que les autres...
C'est plutôt maintenant que je me sens particulièrement gâtée alors même que je ne me roule pas par terre, que je ne fais pas de caprice, que je ne demande rien !

Elle apporte de joyeuses fleurs. "J'ai vu, sur ton blog, que tu les aimais bien, celles-là."

Il m'offre des heures et des heures de musique. En l'état, c'est un peu un grenier mais je peux réaménager à mon goût. Garder, jeter, ranger.

"Quand, par les soirs d'été, le ciel harmonieux gronde comme une bête fauve et que chacun boude l'orage, c'est au côté de Méséglise que je dois de rester seul en extase, à respirer à travers le bruit de la pluie qui tombe, l'odeur d'invisibles et persistants lilas".
Quel beau cadeau, une phrase de Proust, le parfum de son jardin et un si beau plongeon de baleine.


Et puis, parfois, j'en formule un, de voeu...

Et, parce qu'elle est ma fée des lilas, elle l'exauce, d'un coup de pinceau magique... Et fait du facteur son complice pour qu'il m'apporte ces cartes un jeudi !

Gâtée, comblée.