31.7.07

Tuesday self portrait


Si un jour j'écrivais un guide sur Tokyo, il y aurait une rubrique inédite de bonnes adresses : "où se (faire) photographier en étant sûr d'être à son avantage" ! Ou comment, sans passer par le studio Hartcourt, ni se faire retoucher le portrait, ni passer trois heures à se maquiller... Sans effort et dans la plus grande impro : gommer les signes de fatigue, soigner les imperfections de la peau, avoir les cheveux brillants... Tout cela en se contentant d'appuyer sur le déclencheur de l'appareil...
Oui, il existe de ces endroits magiques à Tokyo !

(Ici : dans l'escalier de Atré, à Meguro. Moi, j'ai choisi le troisième parce que je suis la petite dernière mais libre à vous...)

30.7.07

... Et celles qui se produisent le lundi


Le lundi, nous nous donnons rendez-vous au Starbucks de Takadanobaba où nous écrivons notre courrier.
Nous enfonçons les touches de nos ordinateurs qui se ressemblent. Nous envoyons de nos nouvelles à des connaissances qui ne nous sont pas communes.
Parfois, nous relevons la tête. Les clients entrent devant nous, en contrebas.
Nous commentons une coupe de cheveux, une tenue vestimentaire, un joli geste. Une faute de goût.
Parfois, nous remarquons que Paul Mc Cartney chante.
Parfois, nous nous racontons notre actualité et celle de nos connaissances communes.
Parfois, nos regards s'égarent. Nous pensons à autre chose. A quelqu'un d'autre.
Le temps passe.
Rythmé par nos prénoms que nous inscrivons en bas de l'écran.
Rythmé par la voix des serveuses qui répètent les commandes. Elles sourient et s'amusent. Elles sont de bonne humeur.

Il y a, dans le contrat qui lie les serveurs à ce café, une clause qui leur interdit de tomber amoureux d'un(e) de leurs collègues.
Moi, un tel contrat, je ne le signerais pas.
Il y a des choses qu'on ne choisit pas.
Il y a des choses qui sont comme ça.

29.7.07

Choses qui arrivent un dimanche de juillet


Je revois "the pillow book" de Peter Greenaway.
Et je me souviens des Notes de chevet, ce livre posé sur le rebord du lit avant qu'il rejoigne tous les autres, au grenier.
Aujourd'hui, c'est dimanche et dans l'air immobile qui précède l'orage, ma journée se classe d'elle-même dans les catégories de Sei Shônagon.

18. Choses qui font battre le cœur
Un orage éclate et le ciel gronde comme un fauve.

19. Choses qui font naître un doux souvenir du passé
Des photos sur lesquelles on est enfant et notre grand-père encore vivant.

28. Choses qui ne s'accordent pas
Des muffins aux raisins et du Kiri.

43. Choses qui semblent éveiller la mélancolie
Un message laissé dans le téléphone et que l'on écoute tant et tant, autant de fois.

45. Choses qui ont une grâce raffinée
Une fleur de jasmin qui éclot et parfume l'eau chaude.

64. Choses qui distraient dans les moments d'ennui


73. Choses sans retenue
Quatre vendeurs devant l'AMPM de la rue principale. Ils crient tous en même temps. On les entend de très loin mais on ne comprend pas ce qu'ils disent.

82. Choses qui ne servent plus à rien, mais qui rappellent le passé
Un ticket de caisse de courses faites en France retrouvé dans une poche.

92. Choses charmantes


109. Choses à voir


116. Choses qui tombent du ciel


137. Choses qui rendent heureux
Le soir, le vent se lève et balaye la chaleur du jour. On respire librement et on prolonge la promenade à vélo pour mieux en profiter.

161. Choses difficiles à dire
...

48. Choses qui frappent de stupeur
"-C'est une idée de Gwendoline, n'est-ce pas ? répliqua Mrs Ambient d'un ton doucereux."
Henry James. L'auteur de "Beltraffio". p77. Maurice Nadeau.

Les Notes de chevet de Sei Shônagon sont publiées par Gallimard (connaissance de l'Orient). Souvent je me dis que j'aurais dû le glisser dans ma valise. Mais je me dis aussi que j'ai, tous les jours, de quoi remplir toutes ces rubriques et bien d'autres. Je peux, à mon tour, écrire mes notes de chevet.

28.7.07

Le ciel de Ginza


Ces moments passés dans la maison cernée de mille cigales et survolée par les hélicoptères de la défense me rappellent toutes les sensations et la chaleur et les nuits brèves de l'été 2005.
A l'heure de la promenade au square et de la glace au cheese cake, je m'étonnerais presque de ne reconnaître aucun des chats du cheptel.
Comme si l'été dernier n'avait pas existé.
Pourtant, il en est question, de cet été là, entre deux sushis. Aurais-je des raisons d'être malheureuse ? Aujourd'hui, elle sait que non.

Sur les toits de Ginza, c'est être plus près du ciel.
Nous disions en souriant que c'était le quartier où on s'engueulait. Et puis, l'été dernier, ça n'a plus été vrai.
Et, depuis, il y a d'autres traces de moi dans ces rues. Et devant la façade de Chanel, un vendredi soir, je n'étais pas seule.

27.7.07

Partir-revenir


Nous nous posons la question : vaut-il mieux partir en vacances, quitter tout et aller voir à quoi ressemble la vie là où on n'est pas le reste de l'année ? Ou passer un été de canicule à Arcueil et dormir les fenêtres ouvertes sur le jardin ?
Mais nous connaissons la réponse.

Les jours immobiles -celui-là se passe au Canal Café et nulle part ailleurs- je m'étonne de voir d'où vous venez avant d'arriver jusqu'ici.
Je vois vos petits drapeaux flotter dans mon ciel : Belgique, Algérie, Allemagne, France, Pays Bas, Maroc, Espagne, Israël, Chili, Canada, Tunisie, Etats-Unis et même Brésil... Quel courage de venir de si loin et de, parfois, ne pas même poser vos valises ou boire un verre d'eau avant de poursuivre votre voyage...
Je n'en suis pas capable.

(La bande son des retours dans la nuit, à l'heure de la promenade des teckels et sur le mode de l'excès de vitesse s'agrémente d'un nouveau venu : Unkle... Merci Fabien !)

26.7.07

C'est jeudi !


En attendant les pigeons voyageurs ou les dromadaires et leurs messages du pays chaud, j'ai l'assurance de lire ici la carte hebdomadaire que Madame Ga m'envoie...

25.7.07

"Je laisse mes quatre murs entre eux quand le ciel est bleu"


Je dis à Masaru : "tu as vu, c'est l'été !" et il me répond : "Peut-être !".
Peut-être ??? Mais alors, quel autre nom peut-on donner à ces journées aux 30 degrés permanents, au petit vent bienfaisant, ces journées de ciel bleu qu'on passerait volontiers entièrement dans l'herbe ???

Je dis à Paul : 'ma soeur est là pour un mois" et il me répond : "Un mois ?! Si mon frère venait un mois, je trouverais ça long !"
Long ??? Mais, à la fin de sa deuxième journée à Tokyo, Cat est déjà tellement chez elle que je n'aurai bientôt plus rien à lui apprendre.

Et la nuit, ce vent sur les bras, le long du jardin botanique...
Il y a des gens qui font du vélo d'appartement dans leur salon, devant la télévision.
Moi, je fais du vélo dans la nuit silencieuse de Tokyo. Et ces rues désertes sont un cadre parfait pour les concerts privés que m'offre Meredith Monk.

24.7.07

Tuesday self portrait


Retrouver ma grande soeur, c'est redevenir instantanément la petite dernière. Il en manque une -elle me manque... On serait pourtant si bien toutes les trois ici, à fouiner parmi les stands du MDA !!!
Et parce que ma grande soeur travaille dans l'école de son fils, je retrouve Henrietta. Ses yeux glacier et son port de tête de princesse. Après avoir passé nos cours d'allemand à pouffer et ceux de biologie à inventer de nouvelles possibilités pour la Française des Jeux, maintenant que nous sommes adultes et embarquées dans des vies à géographies variables, nous aurions encore, assurément, beaucoup à nous dire.
Hey vous, vous qui êtes à 10000, si vous plaquiez tout -y compris les chères têtes blondes- le temps d'un voyage de l'autre côté du monde ???

23.7.07

Proust aimait-il le Vouvray ?


Les classiques ont fait le voyage ensemble. Maupassant, Homère, Quincy, Haut Médoc, Prévert, St Emilion.

Ces étiquettes -Graves, Mercurey- sont une lecture encore plus prometteuse que n'importe quelle couverture de livre.

Seul le Vouvray n'a pas attendu qu'on le débouche et a parsemé les pages de son verre et sa robe claire.
Ouvrir ces livres, ce sera un peu comme descendre à la cave.

22.7.07

Killing an arab*

A Asakusa, j'ai mangé une glace au miso.

Au café Meursault, on n'écoute pas les Cure mais le Gothan Project.
Et, pendant que le jour décline, j'y écris la promesse d'un voyage sur la Sumida, au mois le plus bleu de Tokyo.

Et, plus tard, à l'heure du retour, c'est slalomer entre les passants à Ueno pendant que Benjamin Biolay, concurrencé par les cigales me chante à l'oreille : "même si la vie ne vaut le coup lorsqu'on y pense qu'après coup, même si la vie ne vaut la peine que lorsqu'on roule à perdre haleine".

Et puis, couper par Yanaka et ses ruelles secrètes et silencieuses.
Quand je ressors, il fait nuit. Trois blocs de tofu, des bananes, du thé oolong à bout du bras. Les indispensables du petit déjeuner.
Demain c'est lundi.
Je ferai des muffins banane-sésame noir pour aller l'attendre à Shinjuku.

*Non, je n'ai pas l'intention d'utiliser tous les titres des Cure pour intituler mes billets. Mais.

21.7.07

Des gouts et des couleurs


Le cake est un marbré vinaigre balsamique et pesto.

Et le yaourt est aromatisé à la poudre de patate douce.

20.7.07

"It's friday I'm in love"

(et c'est souvent le vendredi qu'elle revient dans la bande son aléatoire de l'iPod, cette chanson des Cure)

Aujourd'hui, il y a eu une caresse au deschat du quartier.
Un "take care" au téléphone mais c'était dans un film.
Une invitation pour un english diner dans ma boîte aux lettres (Agnès, tu finiras par savoir mon adresse par coeur et je ne m'en plaindrai pas).

Une grande nouvelle : Rémi sait faire du vélo sans roulettes à l'arrière (pourvu que son père ait encore envie de me le raconter lorsqu'il saura en faire sans les mains).

Un album redécouvert (You all look the same to me de Archive).
Un nouveau point de vue sur la Sumida.
Des cris provenant de la piscine en plein air.
Du soleil sur le balcon à l'heure du thé noir.
Puis un ciel anthracite.

Des voies rapides superposées dans le ciel et un paysage industriel.
Bien trop de monoxyde de carbone dans mes poumons.
Bien trop de doute dans mon coeur.
Bien trop de fatigue à l'heure des feux de bengale.
Des cigales le long des voies désertes qui longent les stades.

Et une jolie fée qui me dit : "demande ce que tu veux, tu l'auras demain"... J'aimerais bien, j'aimerais tant...

19.7.07

C'est jeudi !


Chez moi, le facteur ne passe pas avant 16 heures. Mais, pour lire la carte que Madame Gâ m'envoie, vous pouvez aller à toute heure...

18.7.07

La vie douce

Le gâteau agrume/pavot est appétissant mais il est pour ce soir.
Alors je file à Sugamo.

Aller à Sugamo, c'est des nouvelles ruelles à chaque fois (mais j'aime bien le trajet qui me fait passer devant le fabriquant de tatamis parce que ça sent bon).

Et l'assurance d'y trouver un goûter.

Elle s'assoit sur le banc à côté de moi et je sens bien qu'elle a envie de parler.
Elle m'offre un biscuit.

Elle est jeune mais non, elle n'est plus étudiante, elle travaille dans une agence immobilière. Elle dit pudiquement : "il y a beaucoup de travail." Et je comprends que, même si elle n'habite plus chez ses parents, elle n'a pas le temps de se sentir seule.

Elle profite de son jour de congé pour rendre visite à son frère qui habite le quartier. C'est la première fois qu'elle vient et elle trouve ça amusant.
Les biscuits sont bons mais elle en a acheté trop. Je n'en veux pas un autre ?

Elle demande ce que je fais au Japon.
"Elle n'est pas trop dure, votre vie à Tokyo ?"
Dure, ma vie ??!!! Je crois qu'on fait pire !!!!

Mais il me semble, tout à coup, très difficile d'expliquer que ma vie est légère et belle simplement parce qu'il est très agréable d'être sur ce banc, à manger des biscuits et parler avec elle après avoir pris des photos de rouille dans le quartier.

(Et, au retour, croiser le regard d'un chat facétieux).

17.7.07

Tuesday self portrait (au réveil)


A quoi ressemblerait Romy Schneider aujourd'hui, elle qui, dans les films de Claude Sautet, se réveillait toujours avec l'eye liner de la veille, ne se démaquillait jamais ???

16.7.07

Le retour du soleil


Au Japon, l'adage "après la pluie le beau temps" est particulièrement fondé.
Ce matin, après le passage du typhon de ce week-end, pour célébrer la fin de la saison des pluies, le ciel arborait ses habits de fête et son bleu adorable.
A quel autre moment de l'année la ville est-elle aussi belle ???
Cette pluie décore Tokyo de toute une exhubérance tropicale, d'une surenchère de verts impatients et fiers.
Sur les bords de l'Edogawa, le courant d'air qui s'engouffre sous ma chemise et la fait gonfler de toute part agite tranquillement les branches des bananiers. Et le chant des cigales sature l'atmosphère.
C'est quand je croise des femmes occidentales qui transpirent dans leur débardeur que je mesure l'acclimatation de mon corps à ce pays.
Oui, il fait une trentaine de degrés humides.
Oui, je porte une chemise.
Non, je n'ai pas froid.
Mais je la trouve jolie et tout le monde s'accorde à me dire qu'elle me va bien.
Alors, ce serait tellement dommage de m'en priver.

Cat arrive dans une semaine. Je lui ai dit de ne pas s'encombrer de chemises. Même si elles sont jolies.

15.7.07

Les vacances du soleil


Ces derniers jours, le soleil est occupé à briller ailleurs qu'ici.

Mais, à la fin de la journée, il apparait.

Et se fait tout pardonner en teintant le ciel d'une lumière si attendrissante.

14.7.07

Une tasse de thé au pays des typhons


La radio de juillet a le parfum du jasmin mêlé à celui de la terre mouillée.

"Mon amour, la grisaille est passée, quelque chose a dû la chasser. Elle avait pourtant recouvert tout, elle s'était déposée comme de la poussière, partout... Et si nous sommes bien inspirés, nous devrions en profiter."

13.7.07

"Mais tu reviendras"

Madame Ga a le sens des formules.
De cette petite veste claire, elle dit : "si tu quittais le magasin sans, ce serait un crime" !

Depuis que je la connais, j'émaille mes pensées des adverbes que je lui emprunte. Fatalement. Typiquement...

Est-ce un hasard ? Il y a cette chanson, exhumée de mon adolescence et que j'ai aimé fredonner dans la journée : "On s'ressemble, c'est fou c'qu'on ressent, on est bien ensemble et quoi qu'on en pense, être ensemble en confidences est pure chance."
Mais quel est ce drôle de projet d'aller s'installer dans cette ville qui ne sent même pas bon, de me laisser seule pour les shoppings impromptus de petite vaisselle ?!

De cette photo, elle dit : "c'est la version mature des secrets de la cour d'école."
Aussi vous ne connaîtrez pas le parfum des onigiris de notre brunch.