9.11.07

Analphabète


"VINCENNES DORÉE STATION-SERVICE JOHNNY WALKER KEEP WALKING PÉRIPH FLUIDE ponts lumières jaunes Paris à droite sous un ciel de sombre lilas devant panneaux émeraude METZ NANCY PORTE DE BERCY DISNEYLAND 32KM les pneus déchirent la soie noire-mordorée robe du soir espoir A4-A86 FLUIDE tout est fluide toi aussi MR BRICOLAGE rouge bricoleur toi-même. Deux heures du matin. BERCY 2 vert CARREFOUR bleu BERCY EXPO rouge à droite grande barre noctiluque du Minfinances 300 M N19 le ciel s'éclaircit devant à l'approche de la Seine."

Marchant à côté de moi, il lit tout ce qu'il peut déchiffrer. Enseignes, publicités. Des bribes qui ne veulent rien dire. Juste pour le plaisir de reconnaître ces caractères que, chez lui, il ne voit que dans des livres ou sur la carte de quelques restaurants.
ça me fait sourire.
ça me rappelle ce livre d'Olivier Rolin, Tigre en papier, longue boucle bavarde le long des panneaux du périph' parisien.
ça me rappelle que, à Tokyo, j'ai été, un temps, totalement analphabète.
A ne rien comprendre à quoi que ce soit : ni les cartes des cafés, ni les étiquettes dans les supermarchés. Rien.
Je sais que les rayons des librairies me resteront inaccessibles. Mais ce temps de l'incompréhension totale me parait très éloigné et, parfois, je peine à me rappeler comment c'était, de ne pas savoir lire.

Si je regarde cette autre écriture, noire et blanche, indéchiffrable... je m'en souviens.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Pour jouer ce contre-point, on parle de doigté de substitution ...
Ah ces contre-points.

Pays de Neige.