16.8.08

Les rendez-vous du samedi

J'aimais nos rendez-vous, une fois par mois, nos conversations, toujours le samedi matin, assez tôt. Parfois même à l'improviste.
Monsieur B., enfant sans enfant, m'avait, un de ces samedis (et je me souviens à quelle place il était assis et presque du temps qu'il faisait), parlé de sa maison qu'il transformait, des meubles dont il se séparait, qui allaient poursuivre leur vie de meubles chez ses neveux, dans l'appartement de ses neveux qui habitaient loin de chez leurs parents à cause de leurs études.
Et je m'étais dit -et je l'avais dit à voix haute, je l'avais dit à Monsieur B.- qu'il m'était difficile d'imaginer qu'un jour, mes neveux et nièces ne seraient plus des enfants et auraient besoin de meubles.

Et voilà que c'est maintenant.
C'est maintenant que je suis en âge d'avoir des relations adultes avec cette personne dont j'ai fait la connaissance quelques jours après sa naissance.

Constatant la passion de Clémence pour Alice, je lui ai appris que, alors qu'elle n'était qu'une toute petite fille qui marchait, ne parlait pas encore et souriait rarement, elle savait, grâce à moi, désigner Alice, la Reine et le lapin sur le papier que j'avais rapporté de Londres et qui était punaisé sur le mur de ma chambre.
"ça vient peut-être de là, alors !" a-t-elle dit.
Sans doute pas mais n'est-ce pas de bon augure pour la suite que de faire la connaissance de Lewis Carroll si tôt dans la vie ??

(Je me demande si Monsieur B., lui aussi, repense de temps en temps à ces samedis matins...)

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