25.10.08

La vie des livres (2)

Que laissons-nous de nous-mêmes dans les pages que nous lisons ?
Parfois, oui, un marque-page ou des coups de crayon.
Parfois des larmes ou des sourires, des emportements, des déceptions ou des enthousiasmes. Tous ces sentiments invisibles que font naître les mots.
Acheter un livre d'occasion, c'est entrer encore plus sûrement dans la communauté imaginée formée par ses lecteurs. Ces personnes dont on ne sait rien, disséminées partout dans le monde mais avec qui nous avons au moins ce point commun : la lecture d'un livre en particulier.
Aujourd'hui, dans les rayons du Book off, il y a le livre de Véronique Ovaldé qui m'accompagne à Jiyugaoca et que je commence à relire à l'heure du thé.

De ce roman, je sais qu'il a été offert, ainsi qu'en témoigne la pastille bleue qui recouvre le prix.
Je sais également qu'il a voyagé entre Paris et La Baule de 9 heures à midi un 14 novembre. Et j'imagine trois heures de paysages qui défilent sans que le lecteur y prenne garde.
Le billet de train a été glissé entre la page 14 et 15 et y est resté.
Et je lis ces pages comme si allait m'apparaître un sens caché, un message codé, le langage d'un lecteur à un autre.

"Samuel se lève et me tend la main pour m'aider. Nous restons un instant debout sur les marches. Je trouve cet homme merveilleux, c'est ce que je me dis tout bas, cet homme est une merveille. Je ressens une joie intense, en plein plexus, d'être là auprès de lui ; je ris pour masquer mon émotion et nous rentrons tous les quatre dans la maison pour manger autour de la table en parlant bas afin de ne pas déranger les phalènes et la nuit d'été qui transporte les voix au-delà du jardin, afin de ne pas déranger mes fantômes et la plénitude de cette soirée."
Véronique Ovaldé. Les hommes en général me plaisent beaucoup.

C'est émouvant, la vie des livres.

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