31.7.08

C'est jeudi !


Je me suis dépêchée : j'ai vite cadré, vite déclenché... Et, réussissant à réunir Madame Gâ et la boîte aux lettres de nos jeudis sur une même photo, j'ai eu l'impression d'être un paparazzi réussissant un scoop incroyable !

30.7.08

Choses dites


Cary m'a dit que, avant d'être mon voisin, il était celui d'un chef sushi qui le menaçait de mort pour avoir convoité sa femme.
J'ai pensé que sa vie devait être nettement moins romanesque depuis qu'il avait déménagé.

Roselyne m'a dit que ça allait lui manquer. Ses lèvres étaient encore couvertes du sésame noir du mochi qu'elle venait de manger.
J'ai pensé qu'à moi, c'est elle qui manquerait.

Clémence m'a dit qu'elle avait trouvé facilement notre lieu de rendez-vous une fois qu'elle s'était aperçue qu'elle allait dans la direction exactement opposée.
J'ai pensé que, dès le lendemain de son arrivée, elle avait déjà compris pas mal de choses de Tokyo.

E. m'a dit que, lorsque le marché aux poissons déménagerait, Tsukiji serait transformé en ateliers d'artistes.
J'ai pensé que c'était un lieu qui avait de belles prédispositions.

Elise m'a dit bonjour avec autant de naturel que si le hasard n'avait pas été le seul à organiser notre rencontre dans cette ruelle d'Omotesando. A sa question, j'ai répondu : "tant que je ne m'en lasserai pas !"
J'ai pensé que je n'étais pas prête de la quitter, cette ville qui me réserve d'aussi réjouissantes surprises.

Il m'a écrit : "c'est cela que je retiens finalement, ce possible futur".
Et j'ai pensé que j'aimerais que sa voix achève de m'en convaincre.

29.7.08

Tuesday self portrait (le départ)

Pendant quinze jours, il a été si simple de les retrouver aux quatre coins de la ville, de partager les bonnes adresses, toutes les sortes de tofus, toutes les sortes de sujets de discussion, les fous-rires, les photos, les coups de soleil, les pique-niques...




... Et puis hier, ils ont dit qu'ils n'allaient pas rentrer tard, pour faire leurs valises.

... Et puis, ce matin, après le petit déjeuner, on a agité la main en disant "à bientôt" comme si on disait "à demain"...

Pendant qu'ils s'éloignent de l'île, je pense à eux. A cet avion dans lequel ils dormiront. 20 minutes environ.

28.7.08

Le clan

La tofu connexion...

et les otakus du tonyu...

Des garçons et des filles faits pour bien s'entendre et passer des joyeuses journées et des soirées réussies. Ensemble.

27.7.08

Deux cent quarante-trois cartes postales en couleurs véritables (5)

"J'ai jeté et j'ai regretté. On regrette toujours d'avoir jeté à un certain moment de la vie. Mais si on ne jette pas, si on ne se sépare pas, si on veut garder dans le temps, on peut passer sa vie à ranger, à archiver la vie. C'est souvent, que les femmes gardent les factures d'électricité et de gaz, pendant vingt ans, sans raison aucune que celle d'archiver le temps, d'archiver leurs mérites, le temps passé par elles, et dont il ne reste rien."
Marguerite Duras. La vie matérielle.

J'ai jeté les factures, j'ai gardé les cartes postales, le courrier reçu. Dans un carton en France, il y a toutes ces missives. D'amour ou d'indifférence, d'espoir ou de politesse... J'ai tout gardé. Y compris lorsque le nom qui les a signées m'est devenu presque inconnu.
Je reçois moins de cartes. Je persiste à les garder. Je persiste à vous en envoyer, signées Marguerite ou Georges.

On est au Motel Yoyo. Télé en couleur et tout ! Terrible ! Baisers à tous.

26.7.08

L'heure du vent

Tous les jours, vers 17H, le vent se lève en bourrasque et sèche nos bras, matifie nos visages, nous apaise avec la promesse de nuits douces.

A Kichijôji, le ciel s'est obscurci et l'enfant s'est tordu vers l'arrière, le bras tendu, les cheveux lui dessinant une couronne autour du visage.

On aurait pu songer à s'abriter de l'éventuelle averse.
Mais inventer quelques décapitations devant cette façade qu'on aurait dit au Mexique nous a paru plus urgent.

Puis, dans le train, porter au bout des bras les caisses qui abriteront les livres. Et (re)trouver ici une raison d'ouvrir mon agenda en septembre.

25.7.08

Une traversée au long cours


A Ueno, la cafet a des allures de bateau et nous commandons un thé oolong pour agrémenter notre croisière.
Par la fenêtre, la mer de lotus se balance mollement.
Toutes les deux, nous pourrions passer des journées entières devant le rose des fleurs. Et ensemble.

Dans cette matinée chaude et tranquille, seule notre conversation se superpose au bruit de fond discret de la télévision que les petites dames ont allumée dans la cuisine.
Madame Gâ déballe ses crayons et ses couleurs.

Moi qui suis si jalouse du rose, du rouge, du bleu des yeux de ses héroïnes, j'ai enfin ma revanche.

Car, ce matin, nos yeux ont la couleur des lotus.

Puis, dans l'après-midi à Yanaka : un fantasme de maison de famille version Marie-Claire idées sans complications fratricides. Et les goûts inimitables du Japon : kinako et satsumaimo.

24.7.08

C'est jeudi !


Pas de relâche pour le courrier ! Même par plus de 35°, le facteur approvisionne la boîte aux lettres de nos jeudis des missives que,
Madame Gâ et moi, nous échangeons chaque semaine.

23.7.08

"Sauver quelque chose du temps où on ne sera plus jamais"*


Il est des jours de grande certitude. Où l'on sait, au moment où l'on appuie sur le déclencheur de l'appareil photo que ces clichés sont inutiles.

Que l'on n'aura pas besoin d'eux pour retrouver le goût du macha de l'anniversaire, le bleu du ciel de l'été sans pitié ou tout ce qui, mis bout à bout, entre deux thés, entre deux sushis, entre deux exclamations sur une glace à la patate douce, entre deux sujets de conversation... aura fait de cette journée une belle journée.

*Annie Ernaux. Les années.

22.7.08

Tuesday self portrait (la ressemblance)


(Tu vois : pourquoi je recadrerais mes photos ? Je ne ferais pas mieux que mes prises de vue aléatoires.)

21.7.08

Un lundi au travail


Délaissant crayons, cutter et scotch, combattant l'indolence qui me ralentit depuis le matin, je pédale dans la fin de ce jour férié pour aller travailler.
Si le travail était forcément une corvée alors non, je ne pourrais pas dire que je vais travailler.
Au bout du trajet, une conversation sur le goût des voyages et des évocations de quelques semaines d'adolescence dans un New York qui fait envie.
Ce matin, le même itinéraire. Pendant que le chat en feutrine grise joue à nos pieds, elle me dit sa difficulté à vivre pour elle-même et pas seulement dans le regard de l'autre.
Je la trouve méritante de, déjà, essayer.

20.7.08

Dans la Meiji dori la nuit

"Mme Duville les appela, les menaça de pneumonie et leur annonça que le dîner était servi. Elle avait revêtu une robe d'intérieur couleur violette de Parme; M. Zaraguire l'en complimenta, elle roucoula et dès que l'on fut à table, la conversation se porta sur l'agriculture, les animaux et les climats. Mme Duville qui confondait toujours les lapins et les lapons, traita les lapons de fléau des forêts et déclara qu'elle admirait les lapins qui se contentent de poisson à tous les repas."
Louise de Vilmorin. Les belles amours.

Dans les heures chaudes du dimanche au parc, les épaules deviennent caramel pendant que les conversations s'entrecroisent et que les rires s'emmêlent.

L'après-midi a un goût de macha sans amertume. Car la fin de cette première semaine donne l'illusion qu'il pourrait en être toujours ainsi : que chaque jour pourrait ressembler à celui-ci.

Dans la Meiji dori, le vent se faufilait sous mon vêtement comme un bras autour de ma taille, autour de mon cou.
J'aime ces nuits d'été à la température parfaite qui donnent envie d'éternité.

19.7.08

deux cent quarante-trois cartes postales en couleurs véritables (4)

"Cher René,
oui, je comprends et je suis avec vous. La vérité est qu'il faut rencontrer l'amour avant de rencontrer la morale ou sinon, les deux périssent.
La terre est cruelle : ceux qui s'aiment devraient naître ensemble. Il n'y a pas d'issue sinon la chance, l'éclair ou la douleur.
Je fais des voeux, les voeux les plus chaleureux et j'appelle la chance sur vous.
A bientôt avec toute mon affection."
Albert Camus. Lettre à René Char.

J'emprunte les mots de Camus en plus de ceux de Perec pour dire que je pense à vous.

Nous traversons Quiberon. Douce inaction. On mange très bien. Je prends un peu de ventre. Baisers à vous.

18.7.08

Des kilomètres de vie en rose

Des livres s'ajoutent aux autres.
Il faudra de nouvelles étagères mais il sera bien temps de m'en soucier ensuite.
Il sera temps aussi de lire plus tard.

Pour le moment, j'aime recevoir ces images, ces mots reliés qu'elles ont choisis pour moi, en pensant à moi.
Pour le moment, malgré la fatigue, le retour long dans le train bruyant, je ne veux rien manquer de leur présence.

Bientôt, je manquerai de salive mais je veux compenser, avec ces quelques jours, ces petites semaines, tout le long temps de leur absence.

17.7.08

C'est jeudi !


Madame Gâ est à Tokyo. Alors c'est à vous -oui, vous !- que, toutes les deux, nous adressons notre chronique du JEUDI.

16.7.08

3 semaines


Je crois que trois semaines ne suffiront pas à épuiser son enthousiasme.
Je la regarde sourire de tout et à tout le monde. Je l'écoute dire "j'aime tout !" dès que quelqu'un lui demande son avis -et même quand on ne lui demande rien !-

Et, pour l'occasion, j'emprunterais bien la phrase fétiche de notre père : "je le savais bien" !

15.7.08

Tuesday self portrait (la luxure)


Prendre la pose dans le quartier des love hotels d'Ikebukuro pourrait-il me changer en star du X ?!!!

14.7.08

Deux cent quarante-trois cartes postales en couleurs véritables (3)

"Les lettres sont les chambres, les promenades, les conversations de l'absence. Elles contiennent parfois une vie idéale."
Louise de Vilmorin. Histoire d'aimer.


Si 365 fois par an, j'en retirais le bleu du timbre qui m'est si cher, je continuerais à sourire sans me lasser en ouvrant ma boîte aux lettres. 

Nous campons près de Monastir . Grand soleil. C'est divin. Je pèle. Baisers.

(Et pour une autre forme d'hommage aux cartes postales de Georges Perec, vous pouvez cliquer ici.)

13.7.08

Un dimanche en friche

L'air est chargé d'oiseaux en plus des odeurs de pizzas et de spaghettis bolo. Et les premières cigales répètent en vue d'un concert qui durera deux mois.

Aujourd'hui comme hier, c'est à l'heure du thé qu'il se met à pleuvoir. Juste quelques minutes... Qu'on n'oublie pas qu'il peut pleuvoir.

Et, comme hier, c'est à cette heure-là que j'achève mon livre sur mon balcon.

"Je reprends. Il me faut aussi du pain complet, des ampoules, du rouge à lèvres, des enveloppes doublées, des cigarettes et le journal, pense aussi au café, aux bougies, à la grosse boîte d'allumettes et surtout arrête de dire tu. Dans le rétroviseur d'une camionnette en stationnement, je croise mon visage et je n'arrive plus à lire moi non plus le résumé des chapitres précédents, je dois remettre l'histoire à jour, trier, clarifier, construire, inventer, reconnaître les cellules mortelles et les cellules immortelles, je dois composer, danser, recréer. Le monde t'a été donné, tu dois le rendre. C'est la moindre des politesses."
Colette Fellous. Avenue de France.

Un coup de frein me transporte en Argentine. La galerie est blanche et fraîche, les photos colorées même quand elles sont en noir et blanc. Et, pour une fois, ce n'est pas moi dans le miroir.

C'est la troisième fois en trois jours que nous partageons la même table, que des glaçons s'entrechoquent dans nos verres.
L'avion a décollé à l'heure à laquelle nous nous sommes dit "à demain".

12.7.08

Une tasse d'eau de pluie


Mais ce n'est pourtant pas à cette heure-là que, malgré l'orage qui tonnait, il s'est mis à pleuvoir.
Non, à 15 heures, le vent s'est levé au-dessus des montagnes russes et, dans la grande avenue vers Sugamo, j'ai appuyé plus fort sur les pédales sans que ça me coûte un effort supplémentaire.

Non, c'est plus tard, après la tranche de pastèque, à quelques pages de la fin du livre, à l'heure à laquelle j'ai empli ma tasse de darjeeling sur le balcon, c'est plus tard, donc, que l'averse est tombée. Une vraie pluie d'été, lourde et grasse, qui emplit également le rôle de diffuseur de parfum et s'arrête aussi brutalement qu'elle a commencé, sur un coup de tête.
Ensuite, c'est par l'est que le vent s'est engouffré dans mon appartement.
Et j'ai achevé ma lecture.
"Mais non. Il n'avait rien à prouver. Il avait depuis peu quelque chose qui l'incitait, lui ordonnait de se redresser. Non, ni incitation ni ordre. ça le dépassait. Il se redressait parce qu'il pensait à elle. Même pas, il n'y pensait pas. Nul besoin d'y penser. Elle était en lui et il se tenait droit."
Christian Gailly. L'incident.

11.7.08

Du matin au soir

Dans les heures de l'été se succèdent les voix et les tasses de thé.

Du oolong -en équilibre entre mes petits matins et les siens- au thé rouge du soir, il y a quelques terrasses.

Mais aussi un jardin et un chat.

Et, à Takadanobaba, le parfum du hôjicha qui s'accorde si bien avec Bill Evans.