18.8.09

Tuesday self portrait (les interviews de Marguerite 2 : Georges Bataille)


-Peut-on dire de la souveraineté, d'après Nietzsche, d'après vous, que c'est une voie ouverte et sans issue ?
-On peut dire que la seule chose possible dans la souveraineté c'est que l'image qu'on se fait d'un homme digne de ce nom puisse ne pas être limitée.

-Quelles sont les voies de cette souveraineté cependant ?
-Sur cette voie on trouve tout de suite Dieu. Mais il n'est pas possible de tenir compte du Dieu dont l'existence est au-dessus de la sienne propre. Mais Dieu est néanmoins une indication précise de ce qu'il faut réaliser en soi-même. Se mettre dans la situation de Dieu est une situation tellement pénible qu'être Dieu est l'équivalent du supplice. Car cela suppose que l'on est d'accord avec tout ce qui est, d'accord avec le pire. Etre Dieu c'est avoir voulu le pire. One peut pas imaginer que le pire pourrait exister si Dieu ne l'avait pas voulu. C'est une idée plaisante comme vous le voyez. Et comique. On ne peut pas réfléchir sérieusement sur Dieu sans être frappé par un sentiment de comique si profond qu'on serait excusable de ne pas s'apercevoir que c'est comique.

-Vous riez ?
-Oui. Si vous voulez, l'idée que je me fais de la présence de Dieu c'est une idée non seulement joyeuse mais l'analogue d'un vaudeville à situations, genre Feydeau. Rien ne vous vient à l'esprit dans l'oeuvre de Feydeau qui pourrait illustrer ça ?

-Je cherche... non... et vous ?
-Rien non plus. Mais vous savez je me passe généralement de me réprésenter les choses concrètes. Et d'ailleurs je peux rire de Dieu sans lui demander de me jouer les mêmes tours que les personnages de Feydeau.
France-Observateur .1957

1 commentaire:

Gé. V. K. a dit…

J'ai suivi le conseil et suis allée écouter M. Duras dans les archives de France Culture.
Et je ne sais pas pourquoi mais j'ai comme envie de relire Proust, et ça fera sûrement comme si c'était la première fois!